samedi 28 novembre 2015

La Casbah...Hommage...







Cheikh Sid Ahmed Serri


(Suite des précédents articles)

  Activités annexes

Dès 1963, il entreprend auprès de différents responsables, des démarches de sensibilisation pour la réhabilitation et la sauvegarde du patrimoine musical menacé par la disparition des maîtres détenteurs de la tradition.

Cette action toujours réitérée depuis presque quarante ans a fait de lui, auprès de l'opinion publique, un des plus fervents défenseurs de la musique traditionnelle. Lui-même a revendiqué, lors d'interviews, ce rôle de défenseur de la musique quand il déclare :" Bien malgré moi je me trouve contraint à prendre la défense de cette musique qui me tient à cœur non parce que je l'aime mais parce qu'elle est menacée."

Mais il reconnaît que la réhabilitation du patrimoine est une affaire d'engagement collectif, une responsabilité du politique... A l'impossible nul n'est tenu.

Au lendemain de l'indépendance, il reprend ses concerts à l'occasion des semaines culturelles, des festivals, des soirées privées. Dans le cadre de la relance de l'activité musicale dans l'algérois et de la restructuration de l'association El Djazaïria - El Mossilia, il va instaurer et restaurer une tradition en organisant des soirées quasi quotidiennement dans les locaux de l'association durant le mois de Ramadhan. Une tradition qui a tenu jusqu'à son départ en 1988 et qui a donné l'occasion à certains de ses élèves de se produire en public et en solo.

Par ailleurs (de 1960 à 1964), il active dans un orchestre qui regroupait des musiciens et d'anciens élèves du conservatoire: la société des concerts du conservatoire.

En 1968, il est appelé au ministère de l'information. Il tente alors diverses actions, notamment, celle de reconstituer au sein de la Radio Nationale un orchestre de musique Çan'a placé sous la direction du Maître AbderRezaq Fakhardji. Mais après une série de concerts, l'ensemble, qui passait en direct sur les ondes les dimanches après-midi, n'a pu poursuivre ses activités. Par la suite, l'idée même d'un orchestre Çan'a au sein de la Radio Nationale fut - définitivement - abandonnée… On ne saura jamais les motivations de cette désastreuse décision.

Le début des années 1980 sera une époque riche en manifestations : Les hommages rendus à des personnalités de la musique lors de concerts donnés dans les grandes salles d'Alger ; les concerts en plein air sur les grandes places de la capitale (La période du Ramadhan coïncidait alors avec la saison estivale). Ce mouvement aboutira à la restauration, sur une suggestion du professeur Sid Ahmed Serri au comité des fêtes de la ville, d'un nouveau festival : "Le Printemps Musical d'Alger". Ce festival, toujours en place, connaîtra plusieurs éditions et, à ses débuts, un large succès auprès du public.

Dans le même ordre d'idées, il fonde en 1988 " L'Ensemble d'Alger " une formation censée regrouper les anciens pratiquants de cette musique ainsi que des jeunes issus des conservatoires et des associations (choisis parmi les plus doués). Mais cette opération n'eut pas de suite: absence de financement (dévolu à la ville d'Alger), difficultés à réunir les musiciens - issus d'horizons divers - autour d'une même version du répertoire… De plus, les présidents d'associations, dans la crainte de voir déserter leurs différentes classes, ne joueront pas le jeu.

 A ce niveau on se posera toujours la question de savoir si un grand orchestre de la Çan'a est toujours opportun. Les grands ensembles en musique arabe ont tous montré leurs limites (Tunisie, Egypte,…) et tout le monde est d'accord pour le retour à des petites formations plus aptes à faire ressortir les particularismes de cette musique.

 En juin 1989, des Maîtres de musique, des responsables d'associations musicales représentant les trois grands répertoires classiques (Malouf de Constantine, Gharnati de Tlemcen et Çan'a d'Alger), ainsi que des personnalités attachés à l'avenir de cette musique, ont décidé de créer l'Association Nationale de Sauvegarde et de Promotion de la Musique Classique Algérienne dont la présidence sera confiée au professeur Sid Ahmed Serri.

Hélas! cette association n'a jamais pu s'atteler à réaliser son programme et ses dirigeants ont épuisé toutes leurs forces à trouver des solutions aux embûches bureaucratiques et à "gérer" la mauvaise volonté de certains hauts responsables très peu réceptifs aux enjeux culturels. Les problèmes étaient-ils mal posés ? Les exigences étaient-elles trop grandes ? Le professeur Sid Ahmed Serri finira par renoncer à ses fonctions à la fin de l'année 1997.

Dans les années 1970 et 1980, il enseignera au conservatoire d'Alger, à l'institut national de musique (un institut qui avait pour mission de recenser et de compiler toutes les musiques traditionnelles d'Algérie mais qui n'a jamais mené à terme ce projet) ainsi qu'à l'école normale supérieure (une structure qui dépend de l'enseignement supérieur).

Ces structures académiques se sont révélées inadaptées pour la promotion des musiques traditionnelles. Elles n'ont toujours pas réussi à définir le cadre adéquat pour exploiter les ressources que pouvaient leur offrir les Maîtres de la tradition orale. Et après presque quarante ans d'existence, le nombre des publications sur la musique reste dérisoire par opposition à la richesse du patrimoine algérien.
Pour toute son action dans le domaine de la musique traditionnelle et en reconnaissance, il sera le premier artiste lyrique à recevoir les insignes de l'Ordre du Mérite National en avril 1992.

 
 Les enregistrements et travaux sur le répertoire

 Outre ses différents passages à la radio et à la télévision, ses représentations publiques et privées (qui ont certainement été enregistrées pour alimenter les archives privées de certains collectionneurs), le professeur Sid Ahmed Serri a enregistré des œuvres qui ont été mises à la disposition du grand public.



...A suivre


 *Source  Le Groupe YAFIL Association

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