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dimanche 12 juillet 2015

Azeffoun...



Taboudoucht...Ighil Mahni





(Suite des précédents messages et fin)



...Guerre secrète

Mohamed avait informé l’Egyptien Badaoui que toutes les informations et les communications de Gamal Abde Nasser étaient interceptées à Berne, enregistrées et transmises à Mercier. «Il y avait une collusion entre le SDECE et le Mossad contre la Révolution algérienne», soutient Mohamed qui avait écopé de 8 mois de prison qui l’ont «rendu malade suite aux tortures subies, et ce, dans la ville d’Henri Dunant, fondateur de la Croix Rouge ! Par la suite, je voulais quitter Genève.

Ferhat Abbas m’en a dissuadé : ‘‘Genève est une tribune importante pour le FLN, tu dois y rester’’. J’ai obtempéré, car je croyais en Abbas qui me soufflait les termes que je devais dire à mes geôliers lorsque j’étais privé de liberté. J’étais condamné avec Boudiaf Aïssa à 10 ans d’interdiction de séjour. J’avais donné la preuve des écoutes contre les Egyptiens. Avec mon réseau, j’ai donné des informations sur l’armement suisse livré à Israël.

Cela suffisait pour me clouer le bec ! Celui qui a assassiné Marcel était sous-lieutenant à Service action. Il est devenu directeur général du SDECE et haut gradé dans l’armée française. Il a accompagné Mitterrand lors de sa visite en Algérie. Après l’indépendance, au cours d’une collation, j’ai posé la question à Ben Bella : ‘‘Lorsque on a détourné votre avion en 1956, pourquoi ne l’aviez-vous pas détourné à votre tour puisque vous étiez armés à ce que je sache ?’’ Il n’ y a pas eu de réponse, mais son regard m’a mitraillé…».

A l’indépendance, Mohamed est président d’un groupement d’achat des textiles en Algérie, assesseur au tribunal d’Alger : «J’ai prêté serment devant le président du tribunal d’Alger M. Ahmed Drif, père de la moudjahida Zohra en 1968», puis conseiller au ministère du Commerce et directeur de plusieurs sociétés, avant de prendre sa retraite en 1976. «J’avais repris la ‘‘Boom’’, société en faillite qui avait perdu les 3/4 de son capital, elle s’en est sortie avec 550 millions de bénéfices nets», ajoutera Mohamed.

Originaire d’Azzefoun, la famille Issiakhem, versée dans l’agriculture, a émigré à Orléansville en 1890, puis Oran, mais c’est à Relizane que la famille s’est fixée où elle a ouvert des hammams, dont le célèbre Merakchi et une medersa qui a eu un grand rayonnement avec de grands noms : Abdelkader El Yadjouri, Ali Megherbi, Larbi Tebessi, Mohamed Salah Ramdane, Cheikh Naïmi, Abdelmadjid Meziane et cheikh El Ibrahimi, cheikh Hamani, la visitaient souvent.

L’air mélancolique, Mohamed confie : «Avant, j’avais le passeport français, j’ai donné à l’époque plus de 2 millions et demi à la Révolution. J’ai pris les armes pour avoir la citoyenneté algérienne. Aujourd’hui, on vend son pays pour 50 euros, se désole-t-il. Les mentalités ont changé, on a tout fait pour éclater la cellule familiale, on s’est employé à corrompre les gens, à les abrutir. Moi, je suis d’une autre trempe. J’aurais pu être milliardaire et me la couler douce. Je mentirai en disant que tout va bien  aujoiurd’hui.

On aurait pu être un grand pays, car nous sommes la porte de l’Afrique. Je termine par cette anectode : l’ancien maire de Saint-Eugène, Raymond Laquière, qui a également été président de l’Assemblée algérienne, est venu dire un jour à Ferhat Abbas : ‘‘Une hirondelle ne fait pas le printemps’’. La réplique de Abbas a été cinglante : «Sûrement, mais elle l’annonce…’’»





Guerre secrète

Mohamed avait informé l’Egyptien Badaoui que toutes les informations et les communications de Gamal Abde Nasser étaient interceptées à Berne, enregistrées et transmises à Mercier. «Il y avait une collusion entre le SDECE et le Mossad contre la Révolution algérienne», soutient Mohamed qui avait écopé de 8 mois de prison qui l’ont «rendu malade suite aux tortures subies, et ce, dans la ville d’Henri Dunant, fondateur de la Croix Rouge ! Par la suite, je voulais quitter Genève.

Ferhat Abbas m’en a dissuadé : ‘‘Genève est une tribune importante pour le FLN, tu dois y rester’’. J’ai obtempéré, car je croyais en Abbas qui me soufflait les termes que je devais dire à mes geôliers lorsque j’étais privé de liberté. J’étais condamné avec Boudiaf Aïssa à 10 ans d’interdiction de séjour. J’avais donné la preuve des écoutes contre les Egyptiens. Avec mon réseau, j’ai donné des informations sur l’armement suisse livré à Israël.

Cela suffisait pour me clouer le bec ! Celui qui a assassiné Marcel était sous-lieutenant à Service action. Il est devenu directeur général du SDECE et haut gradé dans l’armée française. Il a accompagné Mitterrand lors de sa visite en Algérie. Après l’indépendance, au cours d’une collation, j’ai posé la question à Ben Bella : ‘‘Lorsque on a détourné votre avion en 1956, pourquoi ne l’aviez-vous pas détourné à votre tour puisque vous étiez armés à ce que je sache ?’’ Il n’ y a pas eu de réponse, mais son regard m’a mitraillé…».

A l’indépendance, Mohamed est président d’un groupement d’achat des textiles en Algérie, assesseur au tribunal d’Alger : «J’ai prêté serment devant le président du tribunal d’Alger M. Ahmed Drif, père de la moudjahida Zohra en 1968», puis conseiller au ministère du Commerce et directeur de plusieurs sociétés, avant de prendre sa retraite en 1976. «J’avais repris la ‘‘Boom’’, société en faillite qui avait perdu les 3/4 de son capital, elle s’en est sortie avec 550 millions de bénéfices nets», ajoutera Mohamed.

Originaire d’Azzefoun, la famille Issiakhem, versée dans l’agriculture, a émigré à Orléansville en 1890, puis Oran, mais c’est à Relizane que la famille s’est fixée où elle a ouvert des hammams, dont le célèbre Merakchi et une medersa qui a eu un grand rayonnement avec de grands noms : Abdelkader El Yadjouri, Ali Megherbi, Larbi Tebessi, Mohamed Salah Ramdane, Cheikh Naïmi, Abdelmadjid Meziane et cheikh El Ibrahimi, cheikh Hamani, la visitaient souvent.

L’air mélancolique, Mohamed confie : «Avant, j’avais le passeport français, j’ai donné à l’époque plus de 2 millions et demi à la Révolution. J’ai pris les armes pour avoir la citoyenneté algérienne. Aujourd’hui, on vend son pays pour 50 euros, se désole-t-il. Les mentalités ont changé, on a tout fait pour éclater la cellule familiale, on s’est employé à corrompre les gens, à les abrutir. Moi, je suis d’une autre trempe. J’aurais pu être milliardaire et me la couler douce. Je mentirai en disant que tout va bien  aujoiurd’hui.

On aurait pu être un grand pays, car nous sommes la porte de l’Afrique. Je termine par cette anectode : l’ancien maire de Saint-Eugène, Raymond Laquière, qui a également été président de l’Assemblée algérienne, est venu dire un jour à Ferhat Abbas : ‘‘Une hirondelle ne fait pas le printemps’’. La réplique de Abbas a été cinglante : «Sûrement, mais elle l’annonce…’’»




Hamid Tahri
El watan le 25.06.15

Illustration Daboudj1948







Azeffoun...




 Taboudoucht...IghilMahni





 (Suite des précédents messages)


...Le procureur général est venu m’interroger en prison. ‘‘Cela me fait un grand honneur de voir un homme de votre rang se déplacer, lui dis-je, alors qu’un officier de la police judiciaire aurait suffi !’’ Mohamed savait que le procureur travaillait avec le SDECE et La Main rouge et notamment avec le colonel Mercier, attaché militaire à l’ambassade de France à Berne. J’ai pris contact avec mon avocat qui a appelé le correspondant de l’Associated Press. Pierre Bellemare en a fait part dans son livre en signalant qu’il manquait un maillon : eh bien, ce maillon je  vais vous le révéler : j’ai fait dire dans la presse que d’après une source d’Amérique latine (pour éloigner les soupçons) le procureur général collabore avec le colonel Mercier.

Aussitôt le procureur dément.  Dans mon réseau, il y avait un Algérien qui travaillait à l’ambassade américaine à Paris. Il m’a ramené une photo montrant le procureur Dubois et le colonel Mercier attablés dans un restaurant. Alors qu’il jurait ses dieux ne l’avoir jamais vu ! La photo a fait un ravage et le procureur s’est suicidé quand l’affaire a pris de l’ampleur. Que voulez-vous ? C’était la guerre secrète, la lutte entre les services français et le renseignement du FLN...».

Au front en 1955

Dans le journal La Suisse du 30 janvier 1957, on y lit : «Les recherches entreprises par la police fédérale ont été poursuivies avec toute l’énergie nécessaire. Les recherches les plus récentes ont permis de découvrir des indices sérieux établissant qu’il était possible que le procureur de la confédération aurait pu communiquer lui-même, contrairement  aux dispositions légales, à un organe étranger, des informations qui ne concernaient toutefois pas des affaires suisses.» Mohamed reprend le fil de l’histoire : «On s’est donné rendez-vous avec Marcel dans une rue de Genève.

En y allant, je sentais qu’on me suivait. Arrivé près de l’endroit fixé, je vois à l’autre bout du trottoir Marcel que je n’ai pas voulu réjoindre. Il avait compris. L’intention des suiveurs était que nous soyions ensemble pour nous éliminer, laissant croire à un règlement de comptes. Constatant le piège, Marcel est parti, moi j’ai réussi à les semer.

Quelque temps après, j’apprends qu’ils ont eu la peau de Marcel. Voici comment Leopold qui fournissait les armes du FLN a été assassiné. Cela s’est passé le 19 septembre 1957, Cours de Rives à Genève. Marcel Leopaold pénètre dans l’immeuble où il occupe un appartement. Il traverse le hall, entre dans l’ascenseur, un homme y pénètre avec lui, assez robuste, porteur d’une serviette qui pourrait appartenir à un encaisseur quelconque. Il est 12h10. L’ascenseur commence à monter.

Quelques secondes plus tard, Lola, la femme de Marcel, une refugiée russe dont on voit qu’elle a été d’une très grande beauté, entend un petit coup de sonnette à la porte de l’appartement. Elle ouvre : son mari est devant elle, blême, appuyé au chambranle, haletant, la main posée sur le cœur : ‘‘Ils m’ont empoisonné’’, dit-il, aussitôt il vacille, s’affale entre les bras de sa femme épouvantée et glisse sur le sol. Marcel Leopold est mort.

La police, appelée, récolte trois indices : les propres paroles de la victime (‘‘Ils m’ont empoisonné’’), le signalement très précis de l’assassin donné par un jeune homme qui entrait dans l’immeuble un peu avant le meurtre, et un instrument extrêmement bizarre : une pompe à vélo ! Cette pompe a été abandonnée dans l’escalier par où l’assassin présumé est descendu précipitamment, d’après le témoin. En examinant l’instrument, les policiers s’aperçoivent qu’il est pourvu d’une détente, les policiers portent donc leur trouvaille à leurs supérieurs, qui viennent eux d’apprendre que Marcel Leopold a peut-être été tué avec une fléchette retrouvée au 2e étage de l’immeuble et démunie de sa pointe.

L’innocente pompe à vélo serait donc une sarbacane. Et l’on cherche immédiatement à savoir quel poison a pu être utilisé pour provoquer une mort aussi rapide ! Il s’agit d’un empoisonnement au curare. 17 ans exactement après au bout desquels, dans un numéro de septembre 1974, un mensuel affirme tenir d’un informateur qui entend garder l’anonymat la version définitive et véridique de l’affaire. Leopold était devenu ‘‘le plus important fournisseur d’explosifs du FLN’’. Il n’aurait tenu aucun compte des avertissements envoyés par les services spéciaux français, au courant de ses activités… le SDECE aurait donc songé à l’éliminer.»...

Hamid Tahri
El watan le 25.06.15

Illustration Daboudj1948

...A suivre