mardi 6 avril 2010

Cheikh El Haddad





(Quatrième partie et fin)

L’évasion et le séjour à la Mecque.

Ce furent des déportés algériens dont Cheikh M’hamed Aeddad qui réunirent l’argent nécessaire à l’évasion de Cheikh Aziz, la somme de  200 francs.
Celui-ci quitta la Nouvelle Calédonie en avril 1881 et prit la direction de l’Australie, l’itinéraire qu’il emprunta fut le suivant : Nouméa, Sydney, Suez, La Mecque.
Dés qu’elle fut connue, cette évasion suscita l’inquiétude des autorités coloniales en Algérie, une dépêche du Gouverneur Général de l’Algérie affirme que « sa présence (Cheikh Aziz) en Algérie serait ou un danger ou tout au moins un grand embarras, car son retour en ce moment serait un véritable défi jeté à l’opinion française. »
Les circonstances de cette évasion sont connues avec précision car de Sidney, Cheikh Aziz expédia trois lettres à sa famille, elles seront saisies par les autorités françaises, 1994.
Une d’entre ces lettres retient particulièrement l’attention car il s’agit d’une lettre-programme, Cheikh Aziz y écrit :
« Le 10 juin 1881, je prendrai mon passage sur un bateau à vapeur qui me conduira de Sidney à Suez. Je compte revenir de là à la Mecque où je retrouverai après la saison du pèlerinage…. »Puis il poursuit « Je rentrerai ensuite en Algérie si le Gouverneur Général m’y autorise, je lui ai adressé une lettre à cet effet. Quant à vous, dés que vous aurez reçu la présente, il faudra vous rendre avec le Cheikh de la tribu auprès de l’Administrateur d’Akbou qui vous aidera auprès du Gouverneur … »Plus loin « Si vous recevez une réponse favorable m’accordant ma grâce, soyez alors en paix car sitôt après le pèlerinage, je vous écrirai soit d’Alexandrie soit de Tunis. Vous m’enverrez alors la lettre du Gouverneur Général, je me rendrai auprès de lui à Alger et de là, chez vous. Si au contraire, la réponse est défavorable, je verrai à me choisir une résidence et vous viendrez m’y rejoindre ».
Le but de cette évasion était donc bien pour Cheikh Aziz le retour en Kabylie ; cependant, face au refus des autorités françaises, le séjour à la Mecque, conçu comme une étape dans ce périple, durera près de quinze ans (de 1881 à 1895).
A Suez où il débarqua en octobre 1881, les autorités françaises, inquiètes, le firent suivre par des espions, son signalement est donné comme suit : « Si Azziz ben Cheikh El Haddad est de haute taille, maigre et brun ; il a de fort grand yeux, la barbe noire et la voix forte. Il s’habille généralement de blanc comme ses compatriotes et a pour habitude de se cacher la moitié du visage avec un pan de son haïk. »
Avant de s’établir à la Mecque, Aziz séjourna du 11 janvier 1882 jusqu’à une date que les documents n’indiquent pas à Djeddah, dans cette ville, il entre en relation avec le vice-consul de France.
 Celui-ci constatant le dénuement dans lequel se trouve Aziz et conscient de son influence « malgré son éloignement », craint de le voir basculer « au milieu de cette population fanatique » sic, c’est la raison pour laquelle il intercède auprès du Ministre des Affaires étrangères en vu d’obtenir son rapatriement en Algérie. (Lettre du 18 avril 18822 adressée par le vice-consul de Djeddah au Ministre des Affaires étrangères).
La présence de Cheikh Aziz était perçue comme gênante à Djeddah mais le Gouverneur Général de l’Algérie s’oppose à son rapatriement. Il s’établit donc à la Mecque. Sur ce séjour à la Mecque, la documentation consultée livre très peu d’informations ; on sait seulement qu’Aziz y épousa une Ethiopienne, Al Habašiyya, dont il eut deux enfants, un garçon et une fille. Il demeure à la Mecque jusqu’en 1895,
Les rares déportés qui auront survécu à ces vingt ans de bagne embarqueront pour l’Algérie le 22 août 1895, sans recouvrer pour autant la liberté, car dés leur arrivée en Algérie, ils seront assignés à résidence.

(Sources Wikipedia et autres)
 

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