Hommage à Abdelmadjid Meskoud à la salle Ibn Khaldoun,...
C’est à l’initiative d’un collectif d’artistes algériens, en
collaboration avec l’établissement Arts et culture de la wilaya d’Alger, qu’un
public nombreux est venu assister à cette soirée chaâbie, placée sous le signe
de l’amitié et de la reconnaissance à la fois.
Abdelmadjid Meskoud est un nom intimement lié à la musique
chaâbie, notamment après sa révélation en 1989, avec sa célèbre chanson phare
Ya Dzaïr El Assima. Ses mélomanes le savaient malade depuis le 25 février 2016,
date de son Avc (accident vasculaire cérébral) et son amputation en septembre
dernier, mais priaient pour qu’il guérisse et retrouve très vite son fidèle
public. Leur souhait a été exaucé, grâce à une heureuse initiative, initiée par
un collectif d’artistes algériens. Ainsi l’artiste a retrouvé ses amis, sa
famille et son public le temps d’une très belle soirée, qui restera, à coup
sûr, dans les annales.
Quand le chanteur fait son entrée dans la salle, sur une
chaise roulante, tout le monde se lève pour le saluer. Une standing ovation
spontanée, suivie par une longue série de youyous. Le chanteur est tellement
ému qu’il laisse couler de grosses larmes de bonheur. L’atmosphère est telle
que certaines personnes n’arrivent pas à contenir, eux-aussi, leur émotion.
Abdelmadjid Meskoud est tout de suite assailli par une foule qui ne demande
qu’à le saluer et lui faire une accolade.
Les agents de sécurité ont eu, d’ailleurs, du mal, à faire
régner la discipline tant la demande était importante. Avec la modestie qu’on
lui connaît, l’artiste était souriant et attentif au moindre égard. Place
ensuite au concert. Le la de la soirée est donné par un orchestre chaâbi
pilote, composé de neuf musiciens chevronnés. Pendant près de trois heures, des
artistes à la notoriété bien assise se sont succédé avec chacun deux chansons
choisies, exhumées du patrimoine chaâbi. Nourreddine Alane, Mohamed Laâgeb,
Didine Karoum, Hamidou et Abdelkader
Chaou, ils ont tous eu un mot, une attention et un remerciement pour leur ami
de cœur, Abdelmadjid Meskoud, soulignant unanimement le sentiment de «famille»
qui rayonne sur la salle Ibn Khaldoun.
L’émotion monte de plusieurs crans quand le fils de Meskoud,
Youcef, s’empare du micro pour chanter dans un style rap une chanson poignante
pour ses parents, mais ô combien révélatrice de son contenu ! D’une voix
prenante et sincère à la fois, il crie tout son amour à ce père tendre et
affectueux, à qui il demande la guérison totale, et à cette mère
reconnaissante, qui a toujours été présente pour sa petite famille. Avec
l’humour qu’on lui connaît, Abdelmadjid Meskoud demande le micro, à son tour,
pour interpréter un morceau : façon singulière de remercier son public d’être
venu à ce rendez-vous si cher à ses yeux. Après une petite hésitation, et
surtout après une large concertation avec son vis-à-vis, il se lance dans
l’interprétation de la chanson mythique Dzayer El Assima.
Dès l’entame du premier couplet, une grappe humaine
s’agglutine autour du chanteur, pour immortaliser, via des appareils photo, ou
encore des portables, ces belles séquences souvenir. Bien qu’étant encore en
convalescence, l’artiste réussira à transporter plus d’un vers un passé, hélas,
révolu à jamais. Rencontré en aparté, Youcef Meskoud nous confie que son père
attendait avec impatience ce rendez-vous. «Ce retour vers son public est très
important. Mon père a subi quatre douloureuses opérations. Je profite de cette
occasion pour remercier, entre autres, la Sûreté nationale, le corps médical de
l’hôpital militaire universitaire Saïd Aït Messaoudene de Bouchaoui et Aïn
Naâdja, le wali d’Alger et les artistes algériens pour toute l’aide apportée à
mon père. Je tiens à rassurer le public que mon père est toujours en
rééducation, mais Dieu merci, il va beaucoup mieux. Son état s’améliore de jour
en jour».
Pour rappel, Abdelmadjid Meskoud est né en 1953 dans le
quartier algérois d’El Hamma, à Belcourt. Autodidacte par excellence, il gratte
sa première guitare en 1969, tout en s’exerçant à la comédie, d’abord dans la
troupe Mohamed Touri de la place du 1er-Mai que dirigeait Mohamed Tahar
Benhamla, ensuite dans la troupe du Théâtre populaire (TTP) qu’animait Hassan
El-Hassani. La chanson El-Assima le révèle au grand public en 1989. Un texte,
brossant la destruction de son quartier d’El Hamma. Il s’est illustré, en
outre, dans le film El-Gusto, sorti en 2011. Souhaitons à notre artiste un
prompt rétablissement et un retour rapide sur la scène artistique algérienne.
Nacima Chabani
El Watan du 25.02.17
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire