lundi 27 février 2017

Hommage...



Hommage à Abdelmadjid Meskoud à la salle Ibn Khaldoun,...
C’est à l’initiative d’un collectif d’artistes algériens, en collaboration avec l’établissement Arts et culture de la wilaya d’Alger, qu’un public nombreux est venu assister à cette soirée chaâbie, placée sous le signe de l’amitié et de la reconnaissance à la fois.

Abdelmadjid Meskoud est un nom intimement lié à la musique chaâbie, notamment après sa révélation en 1989, avec sa célèbre chanson phare Ya Dzaïr El Assima. Ses mélomanes le savaient malade depuis le 25 février 2016, date de son Avc (accident vasculaire cérébral) et son amputation en septembre dernier, mais priaient pour qu’il guérisse et retrouve très vite son fidèle public. Leur souhait a été exaucé, grâce à une heureuse initiative, initiée par un collectif d’artistes algériens. Ainsi l’artiste a retrouvé ses amis, sa famille et son public le temps d’une très belle soirée, qui restera, à coup sûr, dans les annales.

Quand le chanteur fait son entrée dans la salle, sur une chaise roulante, tout le monde se lève pour le saluer. Une standing ovation spontanée, suivie par une longue série de youyous. Le chanteur est tellement ému qu’il laisse couler de grosses larmes de bonheur. L’atmosphère est telle que certaines personnes n’arrivent pas à contenir, eux-aussi, leur émotion. Abdelmadjid Meskoud est tout de suite assailli par une foule qui ne demande qu’à le saluer et lui faire une accolade.

Les agents de sécurité ont eu, d’ailleurs, du mal, à faire régner la discipline tant la demande était importante. Avec la modestie qu’on lui connaît, l’artiste était souriant et attentif au moindre égard. Place ensuite au concert. Le la de la soirée est donné par un orchestre chaâbi pilote, composé de neuf musiciens chevronnés. Pendant près de trois heures, des artistes à la notoriété bien assise se sont succédé avec chacun deux chansons choisies, exhumées du patrimoine chaâbi. Nourreddine Alane, Mohamed Laâgeb, Didine Karoum,  Hamidou et Abdelkader Chaou, ils ont tous eu un mot, une attention et un remerciement pour leur ami de cœur, Abdelmadjid Meskoud, soulignant unanimement le sentiment de «famille» qui rayonne sur la salle Ibn Khaldoun.

L’émotion monte de plusieurs crans quand le fils de Meskoud, Youcef, s’empare du micro pour chanter dans un style rap une chanson poignante pour ses parents, mais ô combien révélatrice de son contenu ! D’une voix prenante et sincère à la fois, il crie tout son amour à ce père tendre et affectueux, à qui il demande la guérison totale, et à cette mère reconnaissante, qui a toujours été présente pour sa petite famille. Avec l’humour qu’on lui connaît, Abdelmadjid Meskoud demande le micro, à son tour, pour interpréter un morceau : façon singulière de remercier son public d’être venu à ce rendez-vous si cher à ses yeux. Après une petite hésitation, et surtout après une large concertation avec son vis-à-vis, il se lance dans l’interprétation de la chanson mythique Dzayer El Assima.

Dès l’entame du premier couplet, une grappe humaine s’agglutine autour du chanteur, pour immortaliser, via des appareils photo, ou encore des portables, ces belles séquences souvenir. Bien qu’étant encore en convalescence, l’artiste réussira à transporter plus d’un vers un passé, hélas, révolu à jamais. Rencontré en aparté, Youcef Meskoud nous confie que son père attendait avec impatience ce rendez-vous. «Ce retour vers son public est très important. Mon père a subi quatre douloureuses opérations. Je profite de cette occasion pour remercier, entre autres, la Sûreté nationale, le corps médical de l’hôpital militaire universitaire Saïd Aït Messaoudene de Bouchaoui et Aïn Naâdja, le wali d’Alger et les artistes algériens pour toute l’aide apportée à mon père. Je tiens à rassurer le public que mon père est toujours en rééducation, mais Dieu merci, il va beaucoup mieux. Son état s’améliore de jour en jour».

Pour rappel, Abdelmadjid Meskoud est né en 1953 dans le quartier algérois d’El Hamma, à Belcourt. Autodidacte par excellence, il gratte sa première guitare en 1969, tout en s’exerçant à la comédie, d’abord dans la troupe Mohamed Touri de la place du 1er-Mai que dirigeait Mohamed Tahar Benhamla, ensuite dans la troupe du Théâtre populaire (TTP) qu’animait Hassan El-Hassani. La chanson El-Assima le révèle au grand public en 1989. Un texte, brossant la destruction de son quartier d’El Hamma. Il s’est illustré, en outre, dans le film El-Gusto, sorti en 2011. Souhaitons à notre artiste un prompt rétablissement et un retour rapide sur la scène artistique algérienne.
Nacima Chabani

El Watan du 25.02.17 

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