samedi 11 juillet 2015

Azeffoun...



 Taboudoucht...Ighil Mahni



Taboudoucht en médaillon Hadj Mohamed Issiakhem

 (Suite des précédents messages)


...En tout, 1645 paires de pataugas, 300 tenues militaires. Au total, la facture s’est élevée à 2 millions 140 444 de francs de mes propres deniers. C’est Mansour (Boudoukhane) toujours vivant qui les réceptionnait. Comment ? Il a fallu inventer un stratagème. Le nommé Aouadi, un gars de Oued Souf, travaillait chez moi. Il avait des parents qui en faisaient de même chez les grossistes importants ; je leur ai demandé de me ramener des étiquettes d’expédition au nom de Borgeaud, Marchina et Jonhatan chez qui ils travaillaient. Avec des ‘‘sommités’’ pareilles, les colis n’étaient pas contrôlés.

Quant au destinataire, on a jeté notre dévolu sur un commerçant juif fort connu de Port Gueydon : Joseph Hadjidj, qui évidemment n’était pas au courant. Mais nous devions coûte que coûte éviter l’arrivée de la marchandise à Port Gueydon. C’est Askri et Mansour (Boudoukhane) qui l’interceptaient à Ighil Mahni





Ighil Mahni

...à quelques encablures de la ville. On m’avait apostrophé : ‘‘Et les armes ?’’. ‘‘Ce sera pour bientôt’’, répondis-je. Ce qui est évident, c’est que ce seront les premières tenues de l’ALN, ici au niveau de la wilaya III.» En septembre 1956, recherché, Mohamed quitte les lieux pour les bases de Tunisie et de Libye.

«Arrivé à Tunis, j’ai été surpris par une sorte de  cacophonie. A Genève, j’ai rencontré Ahmed Francis, originaire de Relizane, et ami de la famille qui s’y était établie au début du siècle dernier. Il y avait aussi Ferhat Abbas, Ahmed Boumendjel, Adda Benguellat, Aït Ahcène qui sera assassiné par La Main rouge en Allemagne fédérale. Je pars sur Tripoli, où je trouve mon ami Ahmed Mahsas et Bachir El Kadi, responsable FLN.» 

Famille aisée

«Ce départ à l’extérieur s’est effectué à la suite de la création de l’Union générale des commerçants algériens que m’a confiée Lebdjaoui. Nous avions reçu ordre de créer des syndicats corporatifs (coiffeurs, hôtels, cafés, hammams...) pour éviter les fiches des nuitées pour les combattants qui, comme on le sait, sont directement transmises à la police. J’avais un avocat en Suisse du nom d’Ellenberger, un Bernois que j’ai constitué pour défendre les 5 arrêtés après l’arraisonnement de l’avion en 1956 (Ben Bella, Khider, Aït Ahmed, Boudiaf et Lacheref) ; mon avocat avait pris contact avec le commandant Giraud, juge militaire chargé de cette affaire qui lui a sorti un vieux texte disant qu’un étranger n’a pas le droit d’accès au dossier tant que l’instruction n’est pas terminée.

Finalement, c’est Boumendjel qui a été désigné par Abbas. A cette période, j’étais avec Abderrahmane Seri qui était pilote d’essai à Bretigny. Zidi était avec nous. Je n’omettrai pas de signaler l’apport de l’ambassade égyptienne en Suisse et particulièrement le Dr Abderrahmane Badaoui, ami de Taha Hussein qui officiait en qualité d’attaché culturel, un érudit qui avait une chaire de philosophie à l’université de Aïn Echems. Il est intervenu à plusieurs reprises en notre faveur en nous livrant passeports et laisser-passer.

Touhami rentré en Libye, je suis en Allemagne où je travaille dans l’armement du FLN avec des techniciens, dont le regretté Aïssa Abdessemed. Un jour, je suis parti avec Aïssa Boudiaf de Ngaous à Hambourg pour essayer l’armement. Il y avait Henri Gueinand, ressortissant suisse avec Marcel Leopold son compatriote, tous deux fournisseurs d’armes.

Le procureur général de la confédération helvétique avait signé des mandats d’arrêt contre Aïssa et moi alors que nous étions en Allemagne. Il a outrepassé le droit, d’autant que je n’avais commis aucun délit en Suisse. En rentrant, on n’a pas été arrêté, mais un mois après on devait partir à Tripoli avec Boudiaf Aïssa, Gueinand et Marcel avec, dans nos bagages, 60 kg d’explosifs. On a été arrêtés à l’aéroport. J’avais un P 38. Je l’ai sorti. J’ai menacé de rayer l’aéroport de Contrains de la carte du monde. Aïssa m’en a dissuadé avec cette pointe d’ironie : ‘‘Tu veux que nos camarades de la prison de la santé entendent la déflagration ?’’ On a été emprisonnées à Saint Antoine…

Hamid Tahri
El watan le 25.06.15

Illustration Daboudj1948
...A suivre

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