samedi 13 décembre 2014

Anzar...





...Ou Boughendja





(Suite des précédents messages)

 Boughandja constituait une fête haute en couleurs, dans nos contrées éloignées, à l’époque des  incantations d’antan, en odeurs et en clameurs. Quand le ciel oublie pour trop longtemps son incontinence et que ses cumulus s'arrangent tout juste pour narguer les paysans, les vieux commencent à se rappeler que les Dieux ont peut-être été trop longtemps laissés sans égards.


Ils se remémorent alors les processions d'antan d'où l'on revenait mouillé de bonne pluie et il y'a toujours un vieux plus volontaire ou plus écouté que les autres et qui ose proposer une date à des interlocuteurs qui n'attendent que ça.


En rentrant chez eux, ces interlocuteurs trouveront en leurs épouses des interlocutrices encore plus attentives et qui, commérage aidant, vont répercuter en l'espace de quelques heures la décision de l'organisation du Boughandja. Le reste viendra tout seul.



Les enfants avides de défoulement vont dès l'aube du lendemain élever les totems à promener dans les rues du village. Le porte à porte sera obligatoirement porteur puisque, aucune  femme ne s'avisera de renvoyer la marmaille suppliante sans ajouter sa provision de semoule, de couscous, de figues sèches, de sucre, de café  ou d'huile d'olive. Les hommes pour leur part cotiseront sans ronchonner et le taureau sera ramené très vite du souk proche.


Un repas collectif fait de couscous en sauce ou au petit lait et de bonnes tranches de viande. La tradition veut que les entrailles de l'animal abattu  soient jetées en l'air pour être rattrapées dans une indescriptible mêlée par les convives; ces abats ont la réputation de rapporter paix et fortune aux foyers.

C'est en grandes processions que les habitants des douars se dirigent depuis les premières lueurs de l'aube vers le lieu du sacrifice. Les étendards colorés flottent au vent tandis que montent les supplications vers le ciel bleu. La sincérité de ces supplications est si poignante qu'elle n'offre aux Dieux qu'une seule alternative: celle de pleurer !


Le repas terminé, les processions reviennent vers les douars... le ciel bleu du matin a laissé place à un amoncellement tonnant de cumulus. Les foules bigarrées ne sont pas arrivées dans les maisons qu'elles se retrouvent à chanter sous la pluie...

El djelbana 3atchana



Essguih'a ya moulana



Delaâ hichou



Ya Rebi becha enhichou



El Kuem'h della richou



Ya Rabbi fah' en3ichou



Boughandja dar echentouf



Ouel kotra tchemmakh el hallouf




...A suivre




Références et illustrations Daboudj1948

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