...Ou Boughandja
Anzar est un rituel millénaire de la mythologie berbère.
La définition que lui attribue l’historien spécialiste de
l’histoire berbère, Gabriel Camps, dans l’encyclopédie berbère, est : «Anzar
apparaît comme l’élément bienfaisant qui renforce la végétation, donne la
récolte et assure le croît du troupeau… Pour obtenir la pluie longue à venir,
il faut solliciter Anzar. Les Berbères ont pensé que la plus efficace des
sollicitations était d’offrir à Anzar une fiancée.» Selon les études de ce
spécialiste, Anzar est célébré dans toute l’Afrique du Nord, mais avec des
variantes locales. La légende reprise à travers les générations, ainsi que par
tous les chercheurs, raconte que le roi de la pluie, qui se trouve dans le
ciel, désire épouser une belle jeune fille qui se refuse à lui. Pris de colère,
le roi menace d’assécher les rivières, et c’est ce qu’il a fait. Sous le
chantage, la jeune fille cède. Au moment où elle s’est dénudée, le roi
l’emporte dans un éclair. Satisfait, il rend l’eau à la terre. Cette légende
ancrée dans l’histoire est toujours vivante dans l’imaginaire populaire, alors
que le temps des dieux est révolu. Il ne reste que la symbolique du
rituel.
Les Ath Oualvane renouent avec Anzar moderne
Les villageois d’Ath Oualvane, situé sur les hauteurs de la
commune de Saharidj, au cœur du mont Djurdjura, à l’est de Bouira, ont fêté
récemment le rituel d’Anzar. L’initiative revient à un groupe de jeunes de ce
village, non pour des formalités rituelles, mais pour un but plus noble. Celui
de l’appel à la communion. «Sous le poids des ans, les vieillards du village ne
sont pas en mesure d’organiser de telles festivités. Il revient à nous, les
jeunes, de prendre le relais et de continuer. Notre but premier est de
rapprocher les habitants les uns des autres, d’appeler à l’union en ces temps
difficiles. C’est notre mémoire collective, notre héritage culturel, nous
devons les sauvegarder», s’exprime Ahmed, l’un des initiateurs des festivités.
Dans ces hauts lieux de Kabylie, il n’y a pas de place pour le radicalisme
islamiste. Il faut souligner aussi que la célébration d’Anzar a été abandonnée
depuis le début des années 1990. Probablement à cause de la situation
sécuritaire qui prévalait à l’époque.
L’imam du village, une personne âgée, a la mémoire pleine de
souvenirs de l’époque où le rituel était fêté. «Ce rituel n’est pas nouveau à
Ath Oualvane. A chaque fois que la sécheresse bat son plein, les sages du
village programment Anzar. Les habitants préparent ce qu’ils peuvent comme
denrées alimentaires. Le jour de la célébration, toute la population du village
se retrouve dans un lieu spécifique pour un repas public, tandis que d’autres
s’occupent de préparer les canalisations pour acheminer les futures eaux
pluviales et celles des ruisseaux.» L’imam ne manque pas de préciser à chaque
fois le caractère populaire de la tradition d’Anzar, contrairement à certaines
mauvaises interprétations. «Nous n’avons pas organisé Anzar pour implorer les
dieux ou par méconnaissance de la religion (l’Islam), mais dans un but précis.
C’est de réunir les gens, de favoriser le partage et la fraternité… Ceux qui
disent que c’est une ‘‘bid’a’ ‘(hérésie) se trompent.»
Et pour lever toute équivoque, les habitants ont aussi
organisé simultanément la prière des rogations pour la pluie (salate el
istisqa) dans la petite mosquée du village d’Ath Oualvane. Parmi les
participants aux festivités, figure Slimane Medjri, ex-champion national et
international de lutte gréco-romaine. Les bambins du village, quant à eux, ont
eu aussi une mission importante à remplir, comme ce fut le cas dans
l’Antiquité. C’est celle de sillonner le village et de réciter à haute voix :
«Anzar, Anzar, oh Dieu abreuve-là jusqu’aux racines.»
Dans ces moments de joie, les vieilles femmes se sont donné
rendez-vous aussi dans la petite mosquée du village pour évoquer des chants
ancestraux. Au même moment, les jeunes préparaient le repas traditionnel pour
le public, du couscous. Après un repas copieux, les festivités se sont
clôturées dans la liesse en attendant l’arrivée des premières pluies….
Omar Arbane
El Watan le 04.12.2014
*Anzar! Anzar!
At-tebbw nnaama bbw edrarAnzar, Anzar
At-ternu tin n uzagar
Assa an-ncebbeh i wgwenja
A d-nezzi merra i tudrin
An-necnu macci d kra
Tulawin s tagratin
Ay Anzar awi-d lehwa
Ad swent yakw tebhirin
Anzar, Anzar....
Ay Anzar awi-d aman
Kkawent tferkiwin
Teslid merra s isalan
Ttxil-ek ugal-ag-d d aewin
Awi-d kra din yellan
Yezra yired t-temzin
Anzar, Azar...
Akal ifud ur yeswa
Knant ula t-tizemrin
Tala tugal s nnuba
Hejbent fell-as tlawin
Nebbwi-k d acewwiq i cnna
Ttefrent fell-ak tudri
*Parole du regrette Abdelkader Meksas
Références et illustrations Daboudj1948
...A suivre
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