(Suite des précédents messages)
...1 h
La terrasse s’est vidée, le restaurant
libanais s’est rempli, il est climatisé. Je reste seul dans la canicule.
aussi denses et difficiles à pénétrer que leur frappe est serrée. J’avais commencé à les lire en les recevant dans ma boîte aux lettres, parfois en avalanche, au grès de l’inspiration souvent prolixe de leur auteur.
Découragé, j’abandonnais dès le premier feuillet les références au Coran, le retour obsessionnel au divin me procurait un accablement bien compréhensible puisque j’en étais encore à « la religion opium du peuple » et à la supériorité universelle du doute. Pourtant, périodiquement j’en reprenais la lecture pour tenter d’en approcher enfin le sens, en percer les énigmes, car certains passages me laissaient une impression confuse d’euphorie. Avec des efforts et le sens du devoir, je pénétrais peu à peu la pensée de Momo si différente de ma rationalité et de ma raison. Alors apparut la subtilité voilée des concepts soufis qui désorientent puis se révèlent de relecture en relecture.
Comme le
plus souvent je ne trouvais rien à répondre, Momo ajoutait parfois un mot à la
main pour nous donner de ses nouvelles et s’inquiéter de nos réactions :
Dites-moi si je vous agace... Et quand nous nous indignions violemment des
événements en Algérie : Je vous en conjure calmez-vous ; soyez sereins. Vous
êtes mes compagnons de fortune. Et il nous parlait du grain de lumière, un don
de Dieu que nous devons posséder pour continuer notre chemin hors ce monde. Une
autre fois ce commentaire qui nous « transporta » aux anges : Je vous envoie
mes textes sans rien vous demander, vous êtes pour moi l’oasis auprès duquel je
m’assieds pour reposer mon âme éblouie par la lumière qui transperce mon corps
de part en part. Dieu vous protège !...
Le Fou de la Casbah
(Extraits du livre)
...A suivre
L'auteur
Jean-René Huleu
Grand reporter dans les
années 90 et
écrivain voyageur, il vit au quotidien sa passion du langage et de l'écriture, avec
une curiosité particulière pour la parole de l'autre.
Après avoir bouclé une série de reportages pour Géo (Monde arabe et États-Unis), il a mis un terme à sa carrière de journaliste marquée
par la création de
quatorze publications dans
la presse d'information ou de loisir, et notamment
le journal Libération (1972-76) dont il fut l'initiateur du
projet. Il a collaboré aux Cahiers du Cinéma (1973-76).
Jean-René Huleu
à publié depuis
1985 une douzaine d'essais, biographies et récits de
voyages, en collaboration avec Marie-Odile Delacour.
*Illustrations Daboudj1948
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