(Suite du précédent message)
..."Pourquoi le 17 octobre 1961 ?
Le 17 octobre n’est pas venu spontanément, mais après de
graves événements provoqués par Maurice Papon en imposant, pendant son règne
comme préfet de Paris, un couvre-feu de 20h à 5h aux Algériens. Cela nous a
beaucoup gênés parce que le travail des militants s’exerçait de nuit. Décision
a été prise d’organiser une manifestation pacifique. L’ordre était : pas
d’armes, pas de canif, pas de bâtons, aller les mains nues. Quand on nous a
donné la date précise, nous l’avions communiquée à la base.
Nous avions une structure pyramidale qui permettait de
donner l’info en 24 heures, du sommet à la base, tout en gardant le secret,
sans quoi la police se serait préparée ou aurait fait avorter la démarche.
Nous, en tant que responsables, étions avertis un peu plus à l’avance pour penser
l’itinéraire. J’étais alors responsable d’Amala. J’ai pris donc mes subordonnés
et décidâmes d’aller de la République jusqu’à Opéra en passant par tous les
grands boulevards de la capitale française, car c’est au centre de Paris que
tous les étrangers se concentraient, et notre objectif était de faire entendre
la voix de l’Algérie au monde entier.
Une jambe pour la France, l’autre pour l’Algérie
Dans notre schéma, Paris était divisée en 2 wilayas, la
«Une» était la rive gauche, commandée par Mohamed Ghafir dit Moh Clichy, et la
«Deux», que je commandais, était la rive droite. J’ignore ce que Moh Clichy
avait fait de son itinéraire, mais en ce qui me concernait, nous avions décidé
d’aller de la place de la République jusqu’à l’Opéra. Après avoir réuni les
responsables de zones, je leur expliquai l’itinéraire et ils sont partis en
sachant que les permanents ne doivent pas prendre part à la marche.
Ces derniers étant des responsables au FLN, ne travaillent
pas en usine et n’ont donc pas de fiche de paie, sachant que lorsque quelqu’un
est pris, tout de suite la police le somme de présenter son bulletin de paie
pour savoir où il travaille. C’est la raison pour laquelle les permanents
(chefs de région, de zone, de super-zone…) sont dispensés de la manifestation.
Au bout d’une heure environ après avoir arrêté notre
programme, un de mes subordonnés, Abdelkader Maouche, un zonal, est venu me
voir pour me dire qu’il y a un problème posé dans sa zone par un unijambiste,
alors que nous nous sommes entendus que les handicapés ne participent pas. Or,
ce militant, gérant d’un petit café à Ménilmontant (20e arrondissement) dont je
ne me souviens plus du nom, originaire de la Petite-Kabylie, tenait à prendre
part à la marche."
Salah Yermèche
El Watan le 16 octobre 2014
...Paris 17 octobre 1961
.
...A suivre
*Illustration Daboudj1948
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