jeudi 3 février 2011

La Casbah...Ismaël Ait Djafer...


                                                 ...Un de ses Enfants !

(Suite des précédents billets)

Les mains des pauvres
A la Casbah
Sont longues et maigres et tendues comme des racines
De pommes de terre.

La voix des pauvres
Est grêle
Et ils ont des yeux ronds
Et ils ont une sale gueule.

La gueule de Pépé le Moko quand il se casse rue du
Regard un jour de
Pluie
Au Musée Grévin.

Une minute de silence...

Deux heures de minutes de silence

A la mémoire des morts de faim
A la mémoire des morts de froid
A la mémoire des morts de sommeil
A la mémoire des morts fauchés

Et une minute papillon je t'en prie après vous, je vous en prie.

A la mémoire aussi
Des morts vivants, ni trop morts ni trop vivants
Qui sont encore
Vivants
Faute de mieux.


Un jour
Dans les rues de ma Casbah
Je me suis mis à compter les pauvres
Les gueux dénombraient leur vermine

Puces, poux, punaises emballage compris
In n'y a qu'un soleil pour tous
Pour les Américains et pour les Cannibales.

Mais les pauvres ne savaient pas
Compter
Et moi
J'avais la flemme de le faire

Car
Au fond, Charlemagne, je m'en fiche
Moi

De tous les crétins, les miteux, les pouilleux, les
Dégueulasses, les infirmes, les crevettes, les malheureux
Les ivrognes, les camemberts, les truands, les tordus,
Les sourds-muets

Et tous les autres, les gros et les maigres
Du moment
Que je peux plus acheter à la Petite Source
En chipant la salière et le pot de moutarde

Mon cornet de frites
Pour le manger
Rue de l'Ancienne Comédie et puis Rue de Buci...
L'absurde complainte de mes frères

L'absurde appel aux coeurs généreux
Seigneur, regardez-les
Donnez-leur leur caviar quotidien.

N'oubliez pas aussi
Leurs enfants
Ils ont besoin d'aller au cinéma.
Mais le ventre plein les enfants de Charlemagne
Chantent une chanson
Une chanson qu'on apprend à l'école :

Il était un
Petit navire (bis
Qui naviguait je ne sais plus comment
Ohé...
Ohé...
Mais ils l'ont dit

Il faut des hommes forts pour une nation forte...
Il ne faut pas courir après deux souris blanches...
Il faut être un roseau pensant...

Essuyez vos pieds avant d'entrer...
La chose est au fond du couloir
A moi comte, de deux mots il faut choisir le moindre
La naissance précède l'existence.

Ave Maria... morituri te salutant...
Vogue la galère

Évidemment... Évidemment.

...A suivre

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