Merida (Alcazaba)
(5eme partie)
Au mois de Choual 712, Mouça quitta Mérida pour se rendre à Tolède. Par courtoisie, Tarek décida de partir à sa rencontre. Animé de sentiments chevaleresques, le preux combattant de la foi – dans un geste empreint de dignité, descendit de sa monture afin de recevoir le représentant du Calife dès que celui-ci arriva enfin.
Or Mouça, sans crier gare, eut un comportement indigne d'un commandant si haut placé. Il tenta d'humilier le général Tarec devant les soldats musulmans assemblés.
Car rien ne nous interdit de penser que Tarek, Berbère de noble extraction, homme d'honneur, de vaillance et de bravoure aurait réagi autrement : peut-être serait-il allé jusqu'à suivre l'exemple de son illustre compatriote, le Grand *Roi Koceïla quand celui-ci fut insulté et maltraité par Oqba !)
Ensuite, Mouça exigea de Tarek la remise du butin ramassé y compris, bien entendu, la précieuse Table de Salomon. Précisons, tout de même, que « l'un des pieds de la fameuse relique avait été enlevé puis caché par Tarek ; Mouça l'ayant interrogé à ce sujet eut pour réponse qu'on l'avait trouvé ainsi...Aussi ordonna-t-il qu'on y fit mettre un nouveau pied en or...»
Quelque temps plus tard « Mouça reçut un messager qui lui porta l'ordre de quitter l'Espagne et de l'accompagner auprès d'El-Ouélid. Il évita d'obtempérer sur-le-champ, se contentant de temporiser jusqu'à ce qu'un autre envoyé vint lui enjoindre de presser son retour ».
Quelque temps plus tard « Mouça reçut un messager qui lui porta l'ordre de quitter l'Espagne et de l'accompagner auprès d'El-Ouélid. Il évita d'obtempérer sur-le-champ, se contentant de temporiser jusqu'à ce qu'un autre envoyé vint lui enjoindre de presser son retour ».
En cours de route, il fut rejoint par Tarek qui arrivait de l'Aragon. Usant de rouerie, il obligea « le brillant officier à l'accompagner en Orient à seule fin de laisser la voie libre à son fils Abdel Aziz Ibn Noceïr pour commander l'Espagne ; puis, après avoir débarqué à Ceuta, il confia à son autre fils Abdelmalek le commandement de cette ville, de Tanger et de ses régions, pendant que son fils aîné, Abdellah, fut chargé de gouverner l'Ifriqiya (Tunisie) et les pays avoisinants ».
Et les chroniqueurs de surenchérir :
« - Il prit alors la route de Syrie emmenant avec lui 30.000 jeunes vierges, filles de princes des Goths et de leurs chefs, et emportant les dépouilles de l'Espagne, la Table de Salomon ainsi qu'une quantité immense de pierreries et d'autres objets précieux... »
Lorsque Mouça se présenta devant le Calife, il étala avec ostentation une partie de ce « qu'il avait rapporté, sans oublier le meuble de valeur. Néanmoins, Tarek qui l'accompagnait revendiqua haut fort l'honneur d'avoir pris la Table de Salomon ».
Mouça, sans perdre de sa morgue, affirma le contraire avec une mauvaise foi évidente. Sur ce « Tarek pria El-Ouélid d'interroger Mouça sur ce qu'était devenu le pied manquant (et qui fut remplacé sur ordre du gouverneur) ; comme Mouça n'en avait aucune connaissance le général Tarek fit alors voir au Calife le pied authentique en lui expliquant que suspectant le Gouverneur de jalousie et de mensonge, il avait - pour cette raison - enlevé puis caché le pied de la Table de Salomon ».
En-Nouweri nous apprend qu'après la mort d'El-Ouélid son successeur le Calife Soulimane, qui n'aimait pas Mouça Ibn Nouceïr, confia le commandement de l'Ifriqiya à un Qoraïchite Mohammed Ibn Yazid en 714-715. « On emprisonna Mouça Ibn Nouceïr et on lui imposa une très forte amende, d'après Ibn El Hakem »... Soulimane donna ensuite « l'ordre d'arrêter la famille et tous les dépendants de Mouça Ibn Nouceïr » ; le fils de ce dernier, Abdellah Ibn Nouceïr, sera décapité.
Certains chroniqueurs affirment, sans toutefois apporter de preuves tangibles, que Tarek fut mis aux arrêts par Mouça Ibn Nouceïr avant la mémorable entrevue avec *le Calife El-Ouélid, lequel lui aurait rendu sa liberté après le dénouement de l'affaire de la Table de Salomon.
Homme d'une honnêteté intact Tarek Ibn Ziad, dont la vie et l'œuvre sont dignes d'être honorées et admirées, eut l'âme remplie de tous les grands sentiments moraux. Général intègre et probe, personnage exemplaire de devoir et de sacrifice, ce conquérant vertueux fut guidé par la Volonté de Dieu et l'amour de son Prophète Mohammed qui lui ordonna « d'avancer et d'accomplir son entreprise ».
Avait-il, comme certains de ses pairs, refusé les honneurs et les commandements à seule fin de se consacrer uniquement à ses dévotions ? Lui qui venait de l'occident du monde, parvenu si proche de la Mecque et de Médine, peut-être finit-il de choisir d'y demeurer, abandonnant tout pour mener une vie de piété et tenter de rester un homme pur ?
Par Omar Dib
Homme d'une honnêteté intact Tarek Ibn Ziad, dont la vie et l'œuvre sont dignes d'être honorées et admirées, eut l'âme remplie de tous les grands sentiments moraux. Général intègre et probe, personnage exemplaire de devoir et de sacrifice, ce conquérant vertueux fut guidé par la Volonté de Dieu et l'amour de son Prophète Mohammed qui lui ordonna « d'avancer et d'accomplir son entreprise ».
Avait-il, comme certains de ses pairs, refusé les honneurs et les commandements à seule fin de se consacrer uniquement à ses dévotions ? Lui qui venait de l'occident du monde, parvenu si proche de la Mecque et de Médine, peut-être finit-il de choisir d'y demeurer, abandonnant tout pour mener une vie de piété et tenter de rester un homme pur ?
Par Omar Dib
(Illustrations et annotations Daboudj1948)
*Selon certaines versions le Calife aurait exigé que Tarek soit relâché sur le champ ; Les 2 hommes furent convoqués et entendus Damas en 715 ; Tarek fut rétabli dans ses droits et ses conquêtes reconnues. Selon d'autres versions Tarek fut mené enchainé et mourut sur la route vers Damas. Dans les 2 cas de figures de 715 à 720 (date officielle de sa mort) il n'y a aucune information sur Tarek.
*Aksel (en Tifinaggh ou Koceila), prince Berbère des Aurès du VIIe siècle chrétien et convertit après l'islam puis il s'est reconvertit au chréstianisme. Koceila fut chef de la résistance à la conquête musulmane. Ensuite, il se convertit à l'islam, puis il s'oppose radicalement à Okba Ibn Nafi Al Fihri, le chef berbère prend Kairouan des mains Omayades. Il sera tué lors d'une bataille contre les Omeyades.
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