mercredi 10 février 2010

"H'nifa"....Azeffoun les environs....La Casbah !





« H'nifa » prénom d’emprunt, de son vrai nom IGHILLARBA Zoubida, née le 04 avril 1924 à Ighil Mahni dans la commune (actuelle) Aghribs, daira Azzefoun, willaya de Tizi Ouzou.

Sa famille s'est établi pendant quelques temps, à la Casbah d'Alger, son père poissonnier de profession, le tissu urbain et le climat ambiant de l'époque de cette citée avec la mer, toute proche, fut pour beaucoup d'originaires de son village natal et des contrées limitrophes une symbiose totale.

En 1939, retour à Ighil Mahni, elle épousa un ami de son père, commerçant, mariage qui fut un échec.
Sa mère décédée, un autre coup dur, elle retourne à Alger ou elle se remarie, elle donne naissance à une fille, qu'elle nomme Leîla en 1950 un autre échec elle divorce.

En 1951 elle postule à la Radio, sur les conseils de ses amies qui ont remarqué sa voix lors de cérémonies familiales ou, elle était conviée, notamment *Cheikha Lla Yamina (Arab Ferroudja) qui demeurait à la Casbah.

L'orchestre de" la chaîne kabyle" de l'époque était sous la direction de Cheikh Nourredine (Nourredine MEZIANE), qui l'aida dans ses premiers pas dans le monde de la chanson.


Elle était douée, dotée d'une belle voix, chaude bouleversante, sa première chanson "Acewwiq n Iqaa ntezdayt". Durant cette période elle trouve refuge avec sa fille, pour quelques temps à la Casbah chez deux de ses oncles paternels, dont l'un "Da Boudj" mandataire en poisson.

Quelques temps plus tard, elle décide d'aller vivre avec CHERIFA, (Ouardia BOUCHEMLAL) une grande chanteuse de l'époque, dans les environs de Clos Salembier (Actuellement El Madania.)





C’est durant cette période aussi, qu’elle a commencé à prendre contact avec des chanteurs et des musiciens de la radio et à se découvrir un talent et une voix exceptionnelle.


Elle a fait ses premiers pas dans la chorale de la chaîne kabyle en 1952 avec Djamila, Chérifa, Anissa et tant d’autres voix féminines.


Cette émission musicale sous la direction de LLa Tassadit (Madame Lafarge) laquelle fut intégrée 1924 par Lla Yamina, (décédée à l’âge de 102 ans), Lla Zina et Lla Ounissa, par la suite.


Cette émission purement féminine dénommée "Noubat n Ixalat"', très écoutée et appréciée, animée par la suite, par Cheikha EL Djidat et CHERIFA en compagnie de Ounisa et El Djidat "Thamechtouhth".
 


C’est en novembre de la même année qu’elle a signé ses premières chansons avec Amar Ouzellaguène et Lla Djida, avant de commencer à composer pour elle-même.

C’est à partir de là qu’a composée sa fameuse chanson "D rray iw it ikhedmen" avant d’enregistrer en mai 1953, en France, trois disques dans lesquels figuraient "Allah ya Rebbi farredj".
En 1955, elle a enregistré cinq autres chansons, « Hnifa » qui commençait à prendre son envol, n’a cessé de rappeler la détresse des femmes kabyles qui est également la sienne.

Son malheureux destin revient souvent dans ses poèmes, mais « H’nifa » reconnaît cependant sa part de responsabilité dans "Drray iw amechum" et "d’rray iw it ikhedmen", "A zher iw anda tenzid" et "Wi yufan zher is d saâ", chansons qui ont marqué le parcours de Hnifa.

En 1956, « H’nifa » s’installe en France, après l’indépendance, elle retourne en Algérie et anime des galas avec plusieurs artistes, comme Fadhéla Dziria (Fadhéla Madani) à Alger.


 





Elle s’est également produite à El-Oued, Ouargla et Touggourt où elle a eu la chance de chanter auprès de Dalida. Ce retour était motivée par l'espoir de se faire une place dans ce monde à part malheureusement elle dut se résigner la mort dans l’âme, elle s'envole de nouveau vers la France.





Elle n’a pas tardé à intégrer Radio Paris, avec l’aide de Mustapha El Anka (AIT OUARAB)....







....elle chante en chorale avec Taleb Rabah....





.... et en duo avec Kamel Hammadi qui deviendront ses principaux compositeurs.






En 1968 elle chante avec Mustapha EL ANKA et SLIMANI la chanson "Thaamrucht". La rencontre avec Kamel HAMADI (ZEGGANE Larbi) époux de la chanteuse "NOURA" (Fatima Zohra Badji) auteur compositeur, lui permet de chanter plusieurs de ses compostions, entre autres "Yid' m yid' m" chanté en duo avec lui, qui a connu un grand succès, c’est aussi une des artistes, qui a chanté en duo avec Slimane Azem.

Entre 1968 et 1969, elle enregistre A yafrukh-iw, D rray-iw id sebba et A sidi Abderrahmane et A yelli, composées par Kamal Hammadi, En 1975, « Hnifa » a joué un rôle secondaire dans le feuilleton l’Incendie, de Mustapha Badie(Arezki BERKOUK).... 



Une scène du film "El harik" en médaillon M.Badie


....une adaptation du roman "L’Incendie" de Mohamed Dib.



En 1981, dans une série diffusée sur TF1 « Les Chevaux du soleil » , avec Cheikh Nourredine (sur la photo) du réalisateur François Villiers.... 









Une scène du film "Les chevaux du soleil" en médaillon François Villiers

.... tourné à Almeria, en Espagne, d’après le livre de Jules Roy.







Ce film historique, retrace la révolte d’El Mokrani, « Hnifa » avait joué le rôle de la femme d’El Mokrani (Mohammed Amokrane) en compagnie de Cheikh Nourdine.


Loin des seins ou ce qu'il en reste, et de la terre de ses aïeux, elle anime des soirées ou elle chante sa vie.
Elle a chanté la méchanceté et l'incompréhension des gens, la misère, l'exil, l'amour trahi et l'ingratitude.

Elle sait pardonner en chantant, "Semmehghak seg-ul yesfan", l'exil plein de vicissitudes « Ay mitro », sa fille qu'elle aime passionnément, cet Être qui lui donne le courage et cette volonté de se battre dans en ce bas monde
.

Ce monde ou le moindre faux pas est impardonnable " Ayeli ayéli " et « Bwighd Yelli tsamechtuht».
Mais elle puise, cette volonté dans sa foi inébranlable, elle implore "les saints" dans une de ses chansons, qui dans nos croyances d'antan sont les traits d'union avec le pouvoir DIVIN.

Durant la guerre de libération, elle cotisait pour la Fédération de France du FLN au sein de la section féminine dirigée par Bahia Farah (BOUNOUAR Fatima)....





.... une autre chanteuse établie en France.
Le 02 novembre 1978 elle se produit à la Mutualité de Paris.

Un certain mercredi 23 septembre 1981, elle s'en va dignement, sur la pointe des pieds rejoindre les êtres chers qui lui manquaient.


Ce corps frêle, qu'une grave maladie rongeait, ce visage emblématique, ces traits pleine de noblesse, demeure pour toujours au cimetière d'EL ALIA à Alger.

Dors en paix !

Elle a laissé environ deux cents (200) titres à la Radio Algérienne d’antan, dont soixante quatre (64) enregistrées et plusieurs quarante cinq (45t).

Ababa nek ed yelliq
A yit bassid nek ur nghigh
Cfu a baba et delmed
Ezwadj n bessif dirid
A yi tefked i amarkanti
neq urbigh ara
zwadj agi ur tebghigh ara

Ifuk laman di dunith
Yir zwadj ula yumit
Asetma zwadj i zewdjegh
Alatif a ya ahrihu
A min i buben tachruft
Mi tetchur tagarlelu
A Zehriw anda tenzid
Di lexmis negh di djemaa

Lukan matchi ed lehya
Ad nadigh lexla
Af yixf-iw ad sefrugh
Lukan matchi de chewhan
Ad slen el djiran
Ad eddugh di tamlaluch

Nek tura dayen faqegh
Ar ghurek ur dughalegh
Asmi ligh ar baba
Mkul lxir yuga felli
Tura ughal-egh d H'nifa
Win tufi-d i uyer-iyi

Matchi d leghna i tghin-egh
Dayen i addan felli
Bwigh-d yelli tamejtuht
Terwa yidi lemhani

A sidi Abderrahmane
Terred-d aghrib si imawlan
A aqchich sers tabalizt

Ezzigh taghzuyt elbesbas
Ed lahmum felli kulas

Win ivghan ad irbah, yerbeh
Nek ennumegh d lexsara

A yetma urfan waaran
Mur q nghin ar qesdaafen




*Lla Yamina (Arab Yamina) a pris sa retraite en 1992 et s’est éteinte à Alger il y’a trois ans déjà, et ce dans le plus complet anonymat.


Daboudj1948

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