Taboudoucht...Ighil Mahni
(Suite des précédents messages et fin)
...Guerre secrète
Mohamed avait informé l’Egyptien Badaoui que toutes les
informations et les communications de Gamal Abde Nasser étaient interceptées à
Berne, enregistrées et transmises à Mercier. «Il y avait une collusion entre le
SDECE et le Mossad contre la Révolution algérienne», soutient Mohamed qui avait
écopé de 8 mois de prison qui l’ont «rendu malade suite aux tortures subies, et
ce, dans la ville d’Henri Dunant, fondateur de la Croix Rouge ! Par la suite,
je voulais quitter Genève.
Ferhat Abbas m’en a dissuadé : ‘‘Genève est une tribune
importante pour le FLN, tu dois y rester’’. J’ai obtempéré, car je croyais en
Abbas qui me soufflait les termes que je devais dire à mes geôliers lorsque
j’étais privé de liberté. J’étais condamné avec Boudiaf Aïssa à 10 ans
d’interdiction de séjour. J’avais donné la preuve des écoutes contre les
Egyptiens. Avec mon réseau, j’ai donné des informations sur l’armement suisse
livré à Israël.
Cela suffisait pour me clouer le bec ! Celui qui a assassiné
Marcel était sous-lieutenant à Service action. Il est devenu directeur général
du SDECE et haut gradé dans l’armée française. Il a accompagné Mitterrand lors
de sa visite en Algérie. Après l’indépendance, au cours d’une collation, j’ai
posé la question à Ben Bella : ‘‘Lorsque on a détourné votre avion en 1956,
pourquoi ne l’aviez-vous pas détourné à votre tour puisque vous étiez armés à
ce que je sache ?’’ Il n’ y a pas eu de réponse, mais son regard m’a
mitraillé…».
A l’indépendance, Mohamed est président d’un groupement
d’achat des textiles en Algérie, assesseur au tribunal d’Alger : «J’ai prêté
serment devant le président du tribunal d’Alger M. Ahmed Drif, père de la
moudjahida Zohra en 1968», puis conseiller au ministère du Commerce et
directeur de plusieurs sociétés, avant de prendre sa retraite en 1976. «J’avais
repris la ‘‘Boom’’, société en faillite qui avait perdu les 3/4 de son capital,
elle s’en est sortie avec 550 millions de bénéfices nets», ajoutera Mohamed.
Originaire d’Azzefoun, la famille Issiakhem, versée dans
l’agriculture, a émigré à Orléansville en 1890, puis Oran, mais c’est à
Relizane que la famille s’est fixée où elle a ouvert des hammams, dont le
célèbre Merakchi et une medersa qui a eu un grand rayonnement avec de grands
noms : Abdelkader El Yadjouri, Ali Megherbi, Larbi Tebessi, Mohamed Salah
Ramdane, Cheikh Naïmi, Abdelmadjid Meziane et cheikh El Ibrahimi, cheikh
Hamani, la visitaient souvent.
L’air mélancolique, Mohamed confie : «Avant, j’avais le
passeport français, j’ai donné à l’époque plus de 2 millions et demi à la
Révolution. J’ai pris les armes pour avoir la citoyenneté algérienne.
Aujourd’hui, on vend son pays pour 50 euros, se désole-t-il. Les mentalités ont
changé, on a tout fait pour éclater la cellule familiale, on s’est employé à
corrompre les gens, à les abrutir. Moi, je suis d’une autre trempe. J’aurais pu
être milliardaire et me la couler douce. Je mentirai en disant que tout va
bien aujoiurd’hui.
On aurait pu être un grand pays, car nous sommes la porte de
l’Afrique. Je termine par cette anectode : l’ancien maire de Saint-Eugène,
Raymond Laquière, qui a également été président de l’Assemblée algérienne, est
venu dire un jour à Ferhat Abbas : ‘‘Une hirondelle ne fait pas le printemps’’.
La réplique de Abbas a été cinglante : «Sûrement, mais elle l’annonce…’’»
Guerre secrète
Mohamed avait informé l’Egyptien Badaoui que toutes les
informations et les communications de Gamal Abde Nasser étaient interceptées à
Berne, enregistrées et transmises à Mercier. «Il y avait une collusion entre le
SDECE et le Mossad contre la Révolution algérienne», soutient Mohamed qui avait
écopé de 8 mois de prison qui l’ont «rendu malade suite aux tortures subies, et
ce, dans la ville d’Henri Dunant, fondateur de la Croix Rouge ! Par la suite,
je voulais quitter Genève.
Ferhat Abbas m’en a dissuadé : ‘‘Genève est une tribune
importante pour le FLN, tu dois y rester’’. J’ai obtempéré, car je croyais en
Abbas qui me soufflait les termes que je devais dire à mes geôliers lorsque
j’étais privé de liberté. J’étais condamné avec Boudiaf Aïssa à 10 ans
d’interdiction de séjour. J’avais donné la preuve des écoutes contre les
Egyptiens. Avec mon réseau, j’ai donné des informations sur l’armement suisse
livré à Israël.
Cela suffisait pour me clouer le bec ! Celui qui a assassiné
Marcel était sous-lieutenant à Service action. Il est devenu directeur général
du SDECE et haut gradé dans l’armée française. Il a accompagné Mitterrand lors
de sa visite en Algérie. Après l’indépendance, au cours d’une collation, j’ai
posé la question à Ben Bella : ‘‘Lorsque on a détourné votre avion en 1956,
pourquoi ne l’aviez-vous pas détourné à votre tour puisque vous étiez armés à
ce que je sache ?’’ Il n’ y a pas eu de réponse, mais son regard m’a
mitraillé…».
A l’indépendance, Mohamed est président d’un groupement
d’achat des textiles en Algérie, assesseur au tribunal d’Alger : «J’ai prêté
serment devant le président du tribunal d’Alger M. Ahmed Drif, père de la
moudjahida Zohra en 1968», puis conseiller au ministère du Commerce et
directeur de plusieurs sociétés, avant de prendre sa retraite en 1976. «J’avais
repris la ‘‘Boom’’, société en faillite qui avait perdu les 3/4 de son capital,
elle s’en est sortie avec 550 millions de bénéfices nets», ajoutera Mohamed.
Originaire d’Azzefoun, la famille Issiakhem, versée dans
l’agriculture, a émigré à Orléansville en 1890, puis Oran, mais c’est à
Relizane que la famille s’est fixée où elle a ouvert des hammams, dont le
célèbre Merakchi et une medersa qui a eu un grand rayonnement avec de grands
noms : Abdelkader El Yadjouri, Ali Megherbi, Larbi Tebessi, Mohamed Salah
Ramdane, Cheikh Naïmi, Abdelmadjid Meziane et cheikh El Ibrahimi, cheikh
Hamani, la visitaient souvent.
L’air mélancolique, Mohamed confie : «Avant, j’avais le
passeport français, j’ai donné à l’époque plus de 2 millions et demi à la
Révolution. J’ai pris les armes pour avoir la citoyenneté algérienne.
Aujourd’hui, on vend son pays pour 50 euros, se désole-t-il. Les mentalités ont
changé, on a tout fait pour éclater la cellule familiale, on s’est employé à
corrompre les gens, à les abrutir. Moi, je suis d’une autre trempe. J’aurais pu
être milliardaire et me la couler douce. Je mentirai en disant que tout va
bien aujoiurd’hui.
On aurait pu être un grand pays, car nous sommes la porte de
l’Afrique. Je termine par cette anectode : l’ancien maire de Saint-Eugène,
Raymond Laquière, qui a également été président de l’Assemblée algérienne, est
venu dire un jour à Ferhat Abbas : ‘‘Une hirondelle ne fait pas le printemps’’.
La réplique de Abbas a été cinglante : «Sûrement, mais elle l’annonce…’’»
Hamid Tahri
El watan le 25.06.15
Illustration Daboudj1948
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