mardi 9 juillet 2013

Taleb Abderahmane...Azeffoun les environs...La Casbah !




Ferme "Chenu" Blida

(Suite des précédent messages)

Sur dénonciation, il est capturé au mois d'avril par les parachutistes. Il venait d'échapper à une embuscade tendue la nuit dans une clairière par les mêmes parachutistes. 

Cette nuit - là, il était en compagnie de Hamid Allouache qui "errait" (selon son expression), sans arme, dans les parages. Ils devaient, avec deux autres compagnons d'armes, traverser la clairière, l'un après l'autre, Abderrahmane taquinait un âne qui refusait d'avancer. 

Au moment où les parachutistes s'étaient mis à tirer sur eux, il n'avait pas encore traversé la clairière. Ses camarades qui avaient échappé à la fusillade étaient déjà loin devant. Se trouvant seul dans la nuit noire, il demanda l'hospitalité au premier gourbi rencontré au-dessus d'une dechra de Derdara, pas loin de Sidi el Kebir. 

Le lendemain, au petit matin, son hôte d'un soir, courut au poste militaire français et signala sa présence. Conduit à la ferme Chenu, au faubourg de Blida, il fut identifié après avoir été sauvagement torturé. 

 Cela avril 1957, il fut transféré à Alger et incarcéré à la prison de Serkadji. 

Il est condamné à mort par le Tribunal Permanent des Forces Armées d'Alger le 7 décembre 1957, en même temps que Djamila Bouhired, Djamila Bouazza et Abdelghani Marsali

L'homme qui l'a vendu à l'ennemi, démasqué par le chef de secteur de l'ALN, paya de sa vie sa traîtrise, me raconta Hamid Allouache qui traça pour moi le schéma des lieux en me disant :
"Tu es le seul à qui je faits le récit de la capture d'AbderrahmaneTaleb et de l'exécution du montagnard qui l'a vendu". Hamid Allouache et mon frère aîné Nour Eddine avaient rejoint ensemble le maquis de l'Arbaâ-Palestro, au mois de juillet 1956. Nour Eddine devait tomber au champ d'honneur le 13 septembre 1957, à Bouhandés, au flanc sud de djebel Beni Slah.

Trois fois condamné à la peine capitale, Abderrahmane Taleb fut exécuté, le 24 avril 1958, à l'aube, malgré les pressantes démarches effectuées auprès du président de la République française, René Coty, par d'éminentes personnalités françaises comme Jean-Paul Sartre, François Mauriac, Henri-Lévy Bruhl, Francisque Gay, Maurice Duverger, Henri Laugier, Maurice Haudiou, Pierre Emmanuel et par de grands écrivains et publicistes. 


Réunies à Londres, vingt-deux associations nationales d'étudiants de différents pays avaient demandé, en vain, la révision du procès. Son nom et son parcours furent présentés au Collège de France, dans les Instituts de recherche, les Facultés et dans les Grandes Ecoles. Le journal l'Humanité, organe central du PCF, titrait :"TALEB ne doit pas mourir".

Le jour de son exécution, il dit au Cheikh, désigné par l'administration coloniale pour lire la fatiha : "Prends une arme et rejoins le maquis!". Aucun mot ne sortit de la gorge nouée du taleb, raconte Hamid Guerrab, un rescapé de la guillotine. 
 

Le soir, les parachutistes firent irruption chez le vieil homme, à la rue des Chameaux, à la Casbah, le traînèrent dans les escaliers jusqu'à la terrasse d'où ils le jetèrent dans le vide.

Les lunettes qu'avait retirées à Aberrahmane Taleb, *Fernand Meyssonnier ("l'exécuteur des arrêts criminels"), se trouvent toujours en France, à Fontaine-de-Vaucluse.
" Je les ai gardées en souvenir", a dit son bourreau.
 




Fernand Meyssonnier en 2006, se tenant à côté d’un exemplaire de guillotine,
 modèle Berger 1872, construite vers 1890.




*Fernand Meyssonnier, né le 14 juin 1931 à Alger en Algérie et mort le 8 août 2008, était un des derniers bourreaux en France, contractuel de la République française en charge de l'exécution de la peine capitale en Algérie française
Fils de Maurice Meyssonnier, « exécuteur en chef des arrêts criminels » (il récusait le terme de bourreau) en Algérie pendant la guerre d'indépendance, filleul d'Henri Roch, autre exécuteur en Algérie, Fernand devint le premier aide de son père à partir de 1947.
Jusqu'en 1959, Fernand Meyssonnier participa à l'exécution de près de deux cents condamnés (dont deux en tant que remplaçant de son père). À partir de 1959, les exécutions capitales cessèrent en Algérie. À l'indépendance, l'État algérien abandonna l'usage de la guillotine, symbole à ses yeux de la colonisation, au profit du peloton d'exécution.
En1961, peu avant l'indépendance algérienne, Fernand Meyssonnier partit s'installer à Tahiti où il rencontra sa future épouse Simone, qui lui donna une fille. Après un début de reconversion difficile, il sut rebondir et créa plusieurs entreprises (restauration, pressing, etc.) qui devinrent florissantes.
La charge d'« exécuteur en chef des arrêts criminels » et de ses aides prit fin en 1981 lors de l'abolition de la peine de mort en France métropolitaine.
Fernand Meyssonnier rentra en métropole en 1990, où il passa sa retraite à Fontaine-de-Vaucluse (Vaucluse) jusqu'à sa mort en 2008.
Le 3 avril 2012, sa collection personnelle de 350 instruments de torture devait être mise aux enchères à Paris, sous l'intitulé « Peines et châtiments d'autrefois ». L'événement ayant cependant suscité un certain tollé, il a été annulé.



Sources :
Mohamed REBAH
Auteur "Des Chemins et des Hommes"
Wikipedia.
Illustration Daboudj1948


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