dimanche 27 mars 2011

La Casbah...Ismaël Ait Djafer...


                                     ...Un de ses Enfants !












(Suite des précédents messages)

Dors fragile Yasmina
Au fond du trou qu'a creusé pour toi
Le fossoyeur

Dans la terre du cimetière des petites mendiantes
de neuf ans

Dors
Depuis un an les vers ont dû se repaître
De ton corps écrasé
De ton corps délabré

Il ne doit plus rester grand chose
Même pas quelques os

Car on sait que les os des squelettes
Des petits enfants
Sont tendres
Et cartilagineux

Dors
On ne peut rien pour toi, rien
D'autre
Qu'écrire un poème triste et long

Depuis un an
L'herbe a dû pousser sur ta tombe
Personne ne vient
T'y voir

Pour y piquer une fleur
Car on ne vient pas voir
Les petites mendiantes
Seules

Ecrasées par des gros camions qui roulent
Sur les routes droites
Et grises

Il n'y a pas de pitié pour les canards boiteux
Dans l'immense basse-cour
De leurs appétits de
FAUVES...

Dans le marbre de ma colère rentrée
Laisse-moi gratter
Inlassablement
Les lettres creuses de ton épitaphe

«Dors, dors dors tranquillement
Les carottes sont cuites
Alea jacta est
Ramasse les billes, tu as gagné
Amen»

Et les enfants de Charlemagne
Devenus grand, beaux et forts
Sifflent cette fois, entre leurs dents
La chanson qu'on apprend à l'école

«Un macchabée c'est bien triste...
Deux macchabées c'est bien plus triste
encore».



Hôpital psychiatrique de Joinville (entrée)



Ismaël Aït Djafer

Alger, Octobre 1951


...A suivre

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