samedi 12 février 2011

La Casbah...Ismaêl Ait Djafer...



Sidi Abderahmane et  ses mendiants en médaillon Ismaël Ait Djafer


Un de ses Enfants !
Charlemagne,
Tu ne sais pas.
Combien, ça peut mettre
En colère

Ces tas de trucs qui font mal au coeur
Et dont tout le monde
Se fiche

Ces asiles pour courants d'air
Ces dortoirs pour souris
Ces chienschiens aux mémères
Et ces bisness in bisness

Je me demande, moi
A quoi ça sert
Les barrages qui barrent
Et les routes bien tracées

Et les camions qui écrasent les petites
Yasmina de neuf ans

En roulant entre les estomacs à l'air comprimé
Et les peaux en papier d'emballage.


J'étais là, quand le
Camion l'a écrasée
Et quand le sang a giclé

Le sang.

Et alors là, je ne raconte pas...

Je laisse aux gens qui ont déjà vu un camion
Ecraser un bonhomme et du sang
Gicler
Le privilège de se
Rappeler

L'horreur

Et le dégoût et puis la fuite lâche
Devant un cadavre

Surtout devant le cadavre d'une
Petite fille innocente

Et le privilège aussi
Pour les Chrétiens le Vendredi-Saint
Pour les Musulmans le Ramadhan
Pour les Juifd le Youm-Kippour
Pour les Athées les jours de cloches sonnant à toute
Volée dans la nef déserte d'un estomac affamé
Pour les Chinois les jours de pleine lune et de
Jiu-jitsu, hara-kiri.

De se rappeler leurs faims
Et d'en assaisonner
Ce cadavre de petite fille

Et le privilège aussi
Pour la mission Paul Emile-Victor au Pôle
Nord

Pour les vainqueurs de l'Annapurna
Qui ont eu les doigts d'abord gelés et puis coupés

D'apporter de l'eau à mon moulin
Et un peu de neige

Pour conserver dans ma mémoire
Et ma colère et mon dégoût
Le cadavre
De la petite Yasmina


Alger aujourd'hui et ses laisser pour compte


...A suivre

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