dimanche 6 septembre 2009

Djamâa Lekbir ou sauna ?



(Suite des précédents billets)


Djamâa Lekbir

Cette mosquée, la plus grande d'Alger, est affectée au rite malékite, le seul qui fût observé à Alger, avant l'arrivée des Turcs. Djamaa-Kébir fit partie de la ville berbère; elle fut édifiée sur les ruines d'une basilique chrétienne (une partie des substructions repose sur une portion de l'ancien rempart romain) dont l'abside, rapporte l'historien arabe El Bekri, était, en raison de son orientation vers le Levant, utilisée comme lieu de prière. On la décorait de tapis et d'images saintes, les jours de grande fête.


Une inscription du minbar dit : "Au nom de Dieu, clément et miséricordieux, ce mirhab a été élevé le premier jour de Redjeb de l'an 409 (1018)". La construction de la mosquée date donc, au moins, du XIè siècle (Le professeur Marçais donna de ce minbar une intéressante étude qui, en décembre 1920, fut lue à l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres.

Ce minbar daterait, non de 1018, mais de 1097. Il comporte entre autres ornements, 45 panneaux de cèdre sculptés (carrés, triangles ou trapèzes). Dans son décor floral. L'œillet fait défaut. Bien qu'en ressemblance avec celle de Kairouan, cette chaire accuse l'influence de l'Espagne si nette à Tlemcen et à Fez.)

Une inscription placée près du minaret, célèbre le roi de Tlemcen, Abou Tachefin de qui dépendait Alger autrefois, et qui, en 1324, avait élevé cette partie du temple. En voici la traduction:


«Au nom de Dieu clément et miséricordieux, lorsque le prince des musulmans, Abou Tachefin (que Dieu le fortifie et l'assiste), eut achevé le minaret d'Alger, dans une période dont le commencement est le dimanche, 17è jour de doul kada de l'année 722 (22 novembre 1322), le minaret susdit sembla, par son aspect actuel, s'écrier : " Quel est le minaret dont la beauté est comparable à la mienne?"

Le prince des Musulmans a érigé des boules (les trois pommes de cuivre peintes en vert, fixées à la flèche de la tour), des boules dont il m'a fait une parure brillante, et il a complété ma construction. La lune du firmament s'est présentée à moi dans tout son éclat et m'a dit :" Sur toi, mon salut, ô toi, la seconde lune!" Aucune vue, en effet, ne captive les cœurs comme la mienne! Allons, venez donc contempler ma beauté et l'aspect que de mes couronnes."


"Puisse Dieu accroître l'élévation de celui qui m'a achevé comme celui-ci l'a fait â mon égard et comme il a exhaussé mes murailles."
"Que l'assistance de Dieu ne cesse d'être autour de son étendard, le suivant comme un compagnon et lui servant de seconde armée." (Devoulx).

La grande mosquée occupe une superficie de 2 000 mètres. Ses dimensions sont à peu près de 48 mètres sur 40.

À la mosquée étaient annexées jadis : 1°/ el djenina (le petit jardin); 2°/ el mocella (oratoire pour les services funèbres); 3°/ une grande cour où était installée une batterie de quatre canons, élevée après le bombardement de Lord Exmouth, en 1816.


Le monument s'appuie sur soixante-douze piliers et est recouvert de onze toits. Il comprend onze travées. Son ordonnance est en réduction, un peu celle de la mosquée de Cordoue.


La cour aux ablutions comprenait autrefois "un jet d'eau, un noyer et un oranger sauvage".-La partie voisine du mihrâb fut endommagée en 1683 par les boulets de Duquesne. Les esclaves chrétiens furent employés à sa restauration comme l'avaient été les captifs de 1529, pour les dégradations éprouvées par le temple, lors de la défense du Penon qu'assiégeait Kheïr-ed-Din.

Un texte ancien nous apprend que lors du bombardement de Duquesne, les livres saints de la mosquée furent mis en sûreté au Fort l'Empereur. Le mihrâb, conformément à la tradition malékite, doit demeurer nu, sans ornements.


L'inscription romaine, placée sous le portique de la rue de la Marine provient d'un monument décorant jadis Icosium. La suite de cette inscription a été retrouvée plus tard, rue Bruce. En voici la traduction : "Lucius Coecilius Rufus, fils d'Agilis, flamine perpétuel, ayant épuisé la série des honneurs municipaux de sa patrie, de ses deniers a fait ce don et l'a consacré."

Le minaret, haut de quinze mètres, est orné en son sommet, de vingt-quatre merlons. En 1856, le Génie civil para cette tour de faïence bleue, d'un assez joli effet.

Le dessous de la grande mosquée est constitué par de hautes voûtes qu'occupa le Génie militaire en 1830 et qui furent dans la suite, louées à des particuliers. M. Picon, premier constructeur du boulevard du Centaure (aujourd'hui: boulevard Gambetta), en fut le locataire, de 1836 à 1838.

En cette mosquée, se tenaient autrefois les séances du Tribunal Supérieur appelé le Midjelès. Là, siégeait le muphti hanéfite, lequel, en sa qualité de Turc, avait le pas sur son collègue malékite.

Le 13 juin 1873, le préfet Comte d'Ideville installa solennellement le muphti Hadj ben Haffaf, qui avait été le premier secrétaire d'Abd-el-Kader, et mourut âgé de 90 ans, en octobre 1889. Son successeur fut El Hadj Kadour Chérif, ancien lieutenant de l'Emir.

Le 1er mars 1904, le préfet Rostaing vint remettre la Légion d'Honneur au muphti Ben Zakour (Aïeul de l'actuel muphti de Djamaa-Djedid.) dont les services dataient de 1844. Le 24 mars 1919, à l'issue de la cérémonie à la mémoire des Indigènes tombés sur le Front, le secrétaire général Borde remit, en présence des autorités réunies, la Légion d'Honneur au muphti Ben-Nacer.

Le personnel de la grande mosquée se composait de : deux imams, un porte-crosse du muphti, un huissier, dix-neuf professeurs, dix-huit mouedden, huit lecteurs du Coran, huit oukils ou administrateurs.-Il y avait, en outre: huit balayeurs et trois allumeurs.


En décembre 1836, le prince de Nemours posa la première pierre de la galerie de marbre de la rue de la Marine, qui fut élevée par les " Condamnés " du colonel Marengo, avec 22 fûts de la mosquée Es-Sida.

Une urne contenant le procès-verbal de la cérémonie, rédigé en français et en arabe, et des pièces d'or, d'argent et de bronze, à l'effigie de Louis-Philippe et au millésime de 1836, a été placée sous l'une des colonnes.

En avril 1903, le temple devant lequel devait passer le président Loubet, fut, du côté du boulevard, bordé d'une grille de dessin oriental.

Le 9 mai 1865, l'Empereur visita Djamaa-Kébir. La mosquée fut classée en avril 1887.

(Source Wikipedia)




Daboudj1948


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