mercredi 16 juin 2010

Nakba 15 mai 1948...GAZA recurrence ?




(Quatrième partie)

Ainsi les Britanniques reconnaissaient la nécessité de limiter le nombre des immigrants juifs et les terres dont ils s’emparent. Toujours ce fil rouge : le nombre et la terre. Mais en 1939, le rapport des forces démographiques a beaucoup changé : il y a en Palestine un tiers de Juifs pour deux tiers d’Arabes.
La fin du mandat
Pour aller à l’essentiel, dégageons trois idées :
1) sur le terrain, c’est l’impasse ;
2) un partage est imposé par les Nations unies ;
3) en définitive, ce partage se fera par les armes.
L’impasse de l’après-guerre
Au moment où le monde découvrait le génocide du peuple juif et où de nombreux rescapés des camps de la mort voulaient venir en Palestine, les Britanniques continuaient, par principe, de limiter l’immigration juive. Notons, d’ailleurs, que certains voulaient aller aux États- Unis et que ceux-ci, à cette époque, avaient une politique migratoire très restrictive, limitée par des quotas. Il y avait donc des dizaines et des dizaines de milliers de réfugiés juifs qui voulaient venir en Palestine. La situation était dramatique avec un véritable terrorisme juif contre les Britanniques. On connaît l’histoire de ce bateau, L’Exodus, au cours de l’été 1947 qui ne peut débarquer les rescapés des camps de la mort. Dans cette affaire, les Britanniques perdent leur âme. Ils subissent alors une défaite morale et politique.
En février 1947, ils décident de porter la question palestinienne devant les Nations unies. Ils avaient reçu un mandat de la SDN et l’ONU en est l’héritière. Saisie de ce dossier, l’ONU désigne une commission spéciale, l’UNSCOP (United Nations Spécial Committee on Palestine) composée de délégués de onze États. Elle part en Palestine en juin 1947, au moment de la tragédie de L’Exodus et essaie de rencontrer les différents acteurs. Mais le Haut Comité arabe refuse de la rencontrer parce que, dit-il, les droits naturels des Arabes de Palestine sont évidents : il n’y a pas besoin d’une enquête pour savoir que la Palestine est arabe sur tout le territoire.
Par contre, l’Agence juive a rencontré l’UNSCOP et beaucoup discuté avec elle. Un des personnages-clés est alors Abba Eban qui deviendra plus tard ministre israélien des Affaires étrangères. L’UNSCOP propose deux solutions. La première serait une fédération avec un État arabe et un État juif ; l’idée était donc qu’il faut, malgré l’opposition des deux communautés, maintenir l’unité du pays par un État fédéral. L’autre solution - qui est la thèse dominante - est un partage avec un État arabe et un État juif et une union économique pour conserver une unité minimale, indispensable sur un si petit territoire. 


Un partage est imposé par les Nations unies
En septembre 1947, l’UNSCOP (United Nations Spécial Committee On Palestine), rend son rapport. L’Assemblée générale de l’ONU en discute et, finalement, le 29 novembre 1947, adopte un plan de partage dans lequel deux États sont prévus, avec un corpus separatum pour Jérusalem et Bethlehem, c’est-à-dire les Lieux saints qui auraient une administration internationale. Ce plan de partage a été voté par l’Assemblée générale. Les États-Unis, la France ainsi que l’Union soviétique ont voté pour. Le rôle de l’Union soviétique en faveur de la création d’un État juif a été tout à fait essentiel. Les États arabes et quelques États comme la Grèce et la Turquie ont voté contre. Le Royaume-Uni s’est abstenu.
Le plan de partage prévoyait de donner à l’État arabe, la partie nord, la Galilée, avec la ville chrétienne arabe de Nazareth et, au sud, une bande qui est Gaza avec un prolongement important dans le Néguev. L’État arabe prévu était en trois morceaux reliés entre eux. L’État juif obtenait le littoral où il y a de nombreuses colonies et toute la partie qui longe la Syrie, au nord du lac de Tibériade.
Tandis que les Arabes refusent ce plan de partage, les sionistes ont une position beaucoup plus nuancée ; ils ont obtenu, pour la seconde fois, que l’idée d’un État juif en Palestine soit entérinée. 



Ce partage se fera par les armes
La proclamation de l’État d’Israël, le 14 mai 1948, va s’inscrire dans la première guerre israélo-arabe. Au terme de cette guerre, en 1949, aux armistices de Rhodes, les lignes de démarcation sont très au-delà de ce qui avait été prévu pour l’État juif.
Toute la partie nord, et en particulier la Galilée, a été absorbée par l’État juif. Le deuxième point concerne Jérusalem. Ben Gourion n’avait pas l’intention d’accepter le statut international de cette ville et l’armée israélienne, la Haganah, s’est battue pour arriver à Jérusalem. L’armée israélienne s’est arrêtée devant les murs de la Vieille Ville et la frontière de 1949 passe juste au pied de la muraille. La Vieille Ville restera aux Jordaniens jusqu’en 1967. 



Enfin, le troisième point qui mérite d’être signalé concerne Gaza. Dans le plan de partage, ce territoire avait une relative profondeur. La guerre a réduit cette zone à une petite bande de terre qui fait dix kilomètres de large sur quarante kilomètres de long, c’est-à-dire un peu moins de 400 km2. On a donc la configuration qui nous est familière aujourd’hui avec Gaza et la Cisjordanie. Sans oublier qu’en 1950, la Transjordanie annexe le territoire qu’elle contrôlait sur le plan militaire et devient la Jordanie...A suivre

"Le Mandat britannique (1920-1948)"Article de Jean-Paul Chagnollaud paru sur le blog de l'Association France Palestine Solidarité.
(Illustrations et annotations Daboudj1948)


Deir Yassin 09 04 1948

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