Ou l'ex-El Mahroussa
(Suite du précédent message)
Fondation Casbah : Un peu de musique
Les enfants de la Casbah ont été conviés à fêter l’antique
cité par la fondation Casbah qui a organisé un gala artistique en présence d’un
public assez nombreux et des personnalités comme Farida Saboundji pour
apprécier le groupe de zorna qui a donné le ton algérois et casbadji du gala.
Après un court discours de M. Abderrahmane Benhmida, président de la fondation,
a rappelé l’historique de la fondation avant de céder la place aux élèves de
l’association Mezghana qui ont gratifié l’assistance d’un beau récital andalou.
Des jeunes voix veloutées ont interprété un répertoire ancestral selon le mode
de l’école d’Alger. La soirée s’est poursuivie avec Rachid Souki, Abderezzak Gueni et Abdelmadjid
Meskoud.
W. L.
Nacima Chabani
Un état des lieux par le chercheur Mohamed Bemmeddour
le 27.02.16
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A la fois écrivain et chercheur en patrimoine, le
conférencier n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour affirmer que La
Casbah d’Alger est à l’agonie. Il s’interroge si on peut, aujourd’hui, sauver
son histoire.
Il estime que La Casbah, témoin authentique de l’histoire de
la culture algéroise, s’efface en entraînant avec elle ses coutumes et ses
traditions purement locales. «Cette vieille cité de Beni Mezghenna perd ses
membres à travers la disparition de ses humbles mausolées, de ses imposantes
mosquées, voire d’une manière croissante ses prestigieuses douriette,
fontaines, hammams … tout ce qui constitue son patrimoine de haute valeur
universelle», rappelle-t-il.
L’auteur de Alger à travers les temps, Mohamed Benmeddour,
s’interroge : avec la situation actuelle, peut-on envisager l’urgence de la
réhabilitation de La Casbah d’Alger avec le plan des secteurs de sauvegarde et
les opérations interminables ? «Je pense, dit-il, que non du fait que plusieurs
facteurs indiquent la volonté de détériorer cette cité millénaire alors qu’elle
a coûté déjà 9200 milliards.»
Et l’orateur de se poser la question suivante : que veut-on
faire de La Casbah ? D’après lui, on la
commémore chaque 23 février soit par des mascarades, soit par des concerts de
musique sponsorisés à coups de centaines de millions. A son avis, le 23 février
devrait être une journée de bilan et d’évaluation et non de folklore «tissé
dans des mensonges sans fin».
S’appuyant sur des statistiques fiables, Mohamed Benmeddour
fait un état de la situation, arrêtée le 17 décembre 2012, et ce, en tant que
responsable de la cellule d’écoute et d’information en charge de La Casbah
d’Alger. «Conformément aux états de l’APC casbah en 1962, nous découvrons 1523
maisons de style mauresque.
Par contre, dans les états des projets de valorisation de La
Casbah d’Alger ‘‘Etau, Unesco’’, on trouve 1700 maisons dont 1200 de type
algérois. D’après un autre rapport établi en septembre 2008, La Casbah comptait
2189 parcelles, soit 63% de bâtisses restantes et 17% vides, 10% en état de ruine
et 10% fermées ou murées, ce qui équivaut à 100% du patrimoine kasbadji»,
éclaire t-il.
En rapport aux états de la commune coloniale de 1962, sur
les 1523 bâtisses, «nous avons 982 de type algérois et 541 immeubles
intra-muros du périmètre de sauvegarde. Selon mes états de recensement, nous
avons à la date indiquée 630 maisons traditionnelles avec 187 vidées et murées,
ainsi que 893 assiettes vidées autour de 1962 à 2012.
Avec plus de détail, nous avons 292 propriétaires, 151
maisons wakf, et 187 maisons vidées. Depuis décembre 2012 à ce jour, nous
perdons encore 31 bâtisses, ce qui nous donne 630 bâtisses (moins 31)». Devant
cette alarmante situation, l’orateur s’interroge encore : où va ce noyau de
notre capitale, vitrine et perle de la Méditerranée ? Qu’adviendra-t-il de ce
lieu de mémoire et patrimoine mondial ?
Toujours selon le conférencier, aujourd’hui on est en train
d’assister à une arnaque vu que des maisons qui ont été soi-disant confortées
par des étaiements se sont effondrées. Ce natif de La Casbah est convaincu
qu’il faut dépoussiérer toute cette politique qui en train de tourner autour de
citadelle.
«Pour moi, ce sont des prédateurs. Ce ne sont pas des gens
qui veulent réellement sauver La Casbah. Je souhaite qu’il y ait un
commissariat constitué d’archéologues, d’architectes et de techniciens
spécialisés dans les métiers de la restauration, sous l’égide du président de
la République. Cela nous permettra peut-être de créer une école de restauration
algérienne. Ainsi, on pourra sauver non seulement La Casbah d’Alger, mais
également toutes les Casbah d’Algérie», conclura-t-il.
Nacima Chabani
*Illustrations Daboudj1948
...A suivre
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