Famille de paysans de Ramallah (1900/1910)
(Première partie)
Le Mandat britannique (1920-1948)
La période 1920-1948 est extrêmement foisonnante et il faudrait des heures pour en approfondir l’étude. Pour tenter de présenter une brève synthèse, j’ai choisi un plan chronologique en dégageant quelques éléments importants.
Trois points sont à retenir. D’abord les conditions historiques qui ont conduit à ce mandat britannique en Palestine. Ensuite, les vingt ou vingt-cinq ans de mandat. Enfin, naturellement, les conditions de l’achèvement du mandat qui conduiront au partage de 1947.
Les conditions historiques qui ont conduit au mandat
Les tractations pendant la guerre contre l’Empire ottoman
La conférence de Paris en 1919
Les tractations pendant la guerre contre l’Empire ottoman
La conférence de Paris en 1919
Les principales étapes du mandat en Palestine
1922
1929
1936
1922
1929
1936
La fin du mandat
L’impasse de l’après-guerre
Un partage est imposé par les Nations unies
Ce partage se fera par les armes
L’impasse de l’après-guerre
Un partage est imposé par les Nations unies
Ce partage se fera par les armes
Il faut distinguer deux temps. D’abord les tractations des Alliés pendant la Première Guerre mondiale : les Français et les Britanniques pensaient que l’Empire ottoman allait se disloquer avec la défaite.Puis, deuxième temps, la conférence de la paix en 1919 à Paris. On ne dira jamais assez à quel point cette conférence a préparé les guerres futures en Europe et au Proche-Orient.
Les Français et les Britanniques ont tenté de se placer pour l’avenir. Si l’on évoquait le Liban et la Syrie, la France serait en cause. S’agissant de la Palestine, ce sont les Britanniques qui prennent les décisions et qui portent des responsabilités écrasantes. Ils ont discuté avec les Arabes et ont passé un accord avec eux ; ils ont discuté aussi avec les Français et le mouvement sioniste. Ils ont donc négocié avec tous les acteurs et ont fait des promesses aux uns et aux autres, tout à fait contradictoires.
En 1915, la Grande-Bretagne a mené une négociation avec le leader arabe de La Mecque, Hussein : c’est la correspondance Mac Mahon-Hussein qui conduit les Britanniques à promettre, malgré certaines ambiguïtés, la création d’un État arabe au lendemain de la guerre. Les Britanniques veulent en effet que les Arabes se révoltent contre l’Empire ottoman et deviennent ainsi leurs alliés.
Or les territoires revendiqués par le chérif Hussein représentaient finalement l’ensemble du monde arabe, excepté l’Égypte, de la Turquie à Aden, sur le Golfe Persique et à la Mer rouge ; donc l’ensemble de la péninsule avec les pays devenus aujourd’hui l’Irak, le Liban, la Syrie, la Transjordanie, la Palestine et l’Arabie Saoudite.
Mais quelques jours après la fin de la correspondance Hussein-Mac Mahon, les Britanniques vont discuter avec la France du partage des influences au Proche-Orient.
Voyez la carte des accords Sykes-Picot qui sont tout à fait essentiels.
Ces négociations ont commencé en 1915 avec l’idée d’un partage de la région. Sur la carte, on voit bien que le Nord est sous l’influence ou le contrôle de la France tandis que le Sud est sous l’influence ou le contrôle britannique. Avec les accords Sykes-Picot, on s’aperçoit que la préoccupation fondamentale des Britanniques était de pouvoir passer du Golfe arabo-persique à la Méditerranée.
Sur la carte, apparaît la profondeur stratégique de la zone britannique qui permettait de contrôler la région mais surtout, et c’est vraiment essentiel, la route des Indes. Au Sud, le port de Bassorah avait une importance stratégique.
Dans ce partage, la France obtenait ce qu’on appellera plus tard la Syrie et le Liban ainsi que Mossoul, c’est-dire la zone qui est aujourd’hui le nord de l’Irak et une partie de la Turquie.
Quant à la Palestine, la carte indique quelle doit être placée sous contrôle international. Les Britanniques qui ont déjà Bassorah ont aussi besoin d’un port sur la Méditerranée : ce sera Haïfa. C’est la seule concession qui leur est faite à ce moment en ce qui concerne la Palestine.
Mais assez rapidement Londres cherche à remettre en question ce partage. En décembre 1918 se déroula une discussion entre Clemenceau et Lloyd George ; nous n’en avons aucun procès-verbal mais simplement des échos. Lors de cette discussion qui eut lieu à Londres, Lloyd George demanda à Clemenceau Mossoul et la Palestine.
L’affaire se régla très vite : Mossoul passe sous mandat britannique et est intégré au mandat irakien et la Palestine qui devait être sous contrôle international passe sous contrôle britannique.
Entre-temps, il y a eu l’autre promesse, à la fois fondamentale et sans doute fondatrice des malheurs de cette région, la déclaration Balfour.
Le 2 novembre 1917, Lord Balfour affirme au mouvement sioniste qui existe depuis une vingtaine d’années que le gouvernement de sa Majesté envisage favorablement l’établissement d’un foyer national pour le peuple juif ; quelques lignes plus loin, il est dit qu’on ne portera atteinte ni aux droits civils ni aux droits religieux des collectivités non juives existant en Palestine. Le texte parle de droits civils et religieux mais n’évoque pas de droits politiques.
Il y aura ensuite des négociations avec la France qui voulait que, dans le mandat, les droits politiques soient insérés. Un problème sémantique s’est posé puisque « civil right » peut se traduire par droits politiques ; mais, en définitive, le terme droit politique n’a jamais été repris.
De ce premier point, retenons que les Britanniques ont fait des promesses contradictoires. Aux Arabes, ils promettent tout ; aux Français un partage de la région ; et au mouvement sioniste, un foyer national juif en Palestine alors qu’à ce moment, il y a 10 ou 12 % de Juifs en Palestine ; certains sont là depuis très longtemps mais la plupart se sont installés dans les premières colonies qui datent de 1882.
*Article de Jean-Paul Chagnollaud paru sur le blog de l’Association France Palestine Solidarité.
(Illustrations et annotations Daboudj1948)
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