mercredi 7 avril 2010

Cheikh El Haddad



« Cheikh Aheddad de retour chez lui….
....Ses ossements seront transférés aujourd’hui à Seddouk, sur place, une mausolée a été construit pour accueillir les trois tombes, des expositions ainsi que des manuscrits anciens.
Il aura fallu attendre 136 ans pour que la dernière volonté de cheikh Aheddad d’être enterré chez lui, auprès des siens, soit accomplie. Les ossements du chef spirituel de la tarika Rahmaniya et de l’insurrection de 1871 avec El Mokrani, ainsi que ceux de son fils Aziz qui a été également l’un des porte-drapeaux de cette révolte, seront transférés, aujourd’hui, du cimetière de Koudiat, à Constantine, à Seddouk Oufella, le village natal du cheikh. Ils seront réinhumés demain, après la prière du vendredi.
En cette occasion, un programme de commémoration a été mis sur pied par la présidence de la République, la wilaya, le comité de village et la famille Belhaddad pour accueillir les milliers d’invités et de citoyens que l’on attend à cet événement hors du commun.
Sur place, un mausolée a été construit pour accueillir les trois tombes, des expositions ainsi que des manuscrits anciens. Ce bel ensemble, d’une très belle architecture, est appelé à devenir un musée et un centre de recherche à même de « fructifier le travail de mémoire sur le cheikh », comme le souligne Ali Betache, qui a entamé un remarquable travail sur cheikh Aheddad ayant abouti à la publication d’un livre sur le sujet alors qu’un deuxième livre est en chantier.
Pour rappel, cheikh Aheddad, est mort en 1873 à l’âge de 93 ans, au cours du procès des « grands chefs » qui s’est tenu à Constantine, après la défaite de l’insurrection populaire qui avait embrasé une grande partie de l’Algérie. Il avait été condamné par la justice coloniale à cinq ans de prison mais il est décédé au bout de quelques jours de détention.
Pour que sa tombe ne devienne pas un sanctuaire et un lieu de pèlerinage et donne naissance à une nouvelle révolte populaire, les autorités françaises ont tenu à l’enterrer loin de son fief alors que sa zaouïa a été brûlée et démolie, ses biens saisis et ses terres séquestrées.
Ses fils Aziz et Mhand, qui avaient également pris une part active à l’insurrection, avaient été condamnés à mort, une peine commuée en déportation en Calédonie. En 1881, Aziz arrivera à s’évader des oubliettes du Pacifique, voyageant d’île en île à bord de barques de fortune. Il s’installe en Egypte, puis à La Mecque mais il meurt dans un hôpital parisien le 22 août 1895 à l’âge de 55 ans.
Au vu de la popularité et du charisme dont il jouit encore en Kabylie, les Français refusent qu’il soit enterré à Seddouk Oufella et lui assignent une tombe auprès de son père, à Constantine.
Nul ne connaît aujourd’hui le lieu de sépulture de cheikh Mhand, mais une tombe symbolique lui est réservée aux côtés de son père et de son frère, Cheikh Aheddad (1790-1873), qui compte, aujourd’hui, parmi les figures emblématiques de l’histoire nationale….. »

Par Djamel Alilat (El Watan 02juillet 2009)
Illustration Daboudj1948

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