vendredi 16 octobre 2020

Ma Casbah...Chahid Ali La Pointe (Ammar Ali)

 

Un individu prétendant être le fils de Ali la Pointe a diffusé cette semaine une vidéo dans laquelle il affirme « preuves à l’appui » que son père n’a pas été exécuté lors de l’explosion du 8 octobre 1957 à la rue des Abderrames de la Casbah d’Alger. Selon lui, son père serait mort en 1989 dans une prison suite à un conflit avec Houari Boumediene.

L’individu expose ensuite une série de courriers du Secrétariat Général de l’Administration (SGA) du ministère français de la défense nationale qui ne concernent nullement Ali la Pointe. Cela n’a pas empêché le partage de la folklorique vidéo par de nombreuses pages et groupes facebook.

 

Alerté par cette diffusion qui m’a révolté par sa mauvaise foi, je tenais à rétablir non pas la vérité, mais les constats objectifs qui sont les miens. En février 2018, je me suis rendu au Service historique de la défense au château de Vincennes (Paris), afin de consulter les documents archivés de l’explosion du 8 octobre 1957 ayant couté la vie à Ali la Pointe, Hassiba Ben Bouali, Mahmoud Bouhamidi, le petit Omar Yacef (13 ans) et bien d’autres victimes résidant aux numéros 3, 5, 7 et 9 de la rue des Abderrames comme le mentionne un PV datant du 19 octobre 1957 rédigé Martial LEBLOND, commandant la brigade de recherche d’Alger et ses collaborateurs (Photo).

 

Ce PV mentionne avec de menus détails la découverte des corps suite à l’explosion mais aussi leur identification. Ainsi, les corps de Ali la Pointe, Omar Yacef et de Hassiba Ben Bouali auraient été dégagés des décombres le 9 octobre 1957, c’est-à-dire le lendemain de l’explosion (page 3 du PV).

 

Le PV relate en pages 3 et 4 l’identification des cadavres de Hassiba, Bouhamidi et le petit Omar par leurs familles respectives. Il rappelle aussi les principales charges de l’administration coloniale contre ces moudjahidines considérés bien évidemment comme des terroristes. Le rapport d’identification du cadavre de Ali La Pointe figure dans un autre document datant du 10 octobre 1957 (photo).

 

Ce document précise que « les recherches effectuées dans les fichiers de l’identité judiciaire, ont établi que cet individu se nomme Ammar Ali dit Ali La Pointe, né le 14 mai 1930 à Miliana, département d’Alger, fils de Ahmed Ben Abderrahmane et de Fatma bent Ahmed ». De nombreuses photos du défunt, dont son cadavre et les traces de l’explosion ont été publiées comme annexes à ces rapports.

 

Le contexte de cette visite au Château de Vincennes a été décrit dans un article publié en février 2018 dans vos colonnes et ayant comme titre « Hassiba, la femme d’exception ». Cet article a été illustré par de nombreuses photos de PV de l’administration coloniale relatifs à l’explosion de la rue des Abderrames.

 

Par ailleurs, une littérature abondante relative à ces événements de la « bataille d’Alger » existe. A aucun moment, il n’ y a eu de doute sur la mort de Ali la Pointe et ses compagnons. Dans ces conditions, on est en droit de se demander le pourquoi de cette vidéo diffusée par un hurluberlu dans une Algérie en pleine effervescence.

 

S’agit t’il d’une manœuvre du Pouvoir moribond prêt à tout pour détourner l’attention des citoyens ? Ou d’une initiative isolée d’une personne en mal de reconnaissance. Cette atteinte à la mémoire collective est tout simplement scandaleuse et mérite d’être dénoncée.

C’est Ciceron qui disait que « L’histoire est le témoin des temps, la lumière de la vérité, la vie de la mémoire, l’institutrice de la vie, la messagère de l’antiquité.

Youcef L'Asnami

22/09/2019




















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