Un individu
prétendant être le fils de Ali la Pointe a diffusé cette semaine une vidéo dans
laquelle il affirme « preuves à l’appui » que son père n’a pas été exécuté lors
de l’explosion du 8 octobre 1957 à la rue des Abderrames de la Casbah d’Alger.
Selon lui, son père serait mort en 1989 dans une prison suite à un conflit avec
Houari Boumediene.
L’individu
expose ensuite une série de courriers du Secrétariat Général de
l’Administration (SGA) du ministère français de la défense nationale qui ne
concernent nullement Ali la Pointe. Cela n’a pas empêché le partage de la
folklorique vidéo par de nombreuses pages et groupes facebook.
Alerté par
cette diffusion qui m’a révolté par sa mauvaise foi, je tenais à rétablir non
pas la vérité, mais les constats objectifs qui sont les miens. En février 2018,
je me suis rendu au Service historique de la défense au château de Vincennes
(Paris), afin de consulter les documents archivés de l’explosion du 8 octobre
1957 ayant couté la vie à Ali la Pointe, Hassiba Ben Bouali, Mahmoud Bouhamidi,
le petit Omar Yacef (13 ans) et bien d’autres victimes résidant aux numéros 3,
5, 7 et 9 de la rue des Abderrames comme le mentionne un PV datant du 19
octobre 1957 rédigé Martial LEBLOND, commandant la brigade de recherche d’Alger
et ses collaborateurs (Photo).
Ce PV
mentionne avec de menus détails la découverte des corps suite à l’explosion
mais aussi leur identification. Ainsi, les corps de Ali la Pointe, Omar Yacef
et de Hassiba Ben Bouali auraient été dégagés des décombres le 9 octobre 1957,
c’est-à-dire le lendemain de l’explosion (page 3 du PV).
Le PV relate
en pages 3 et 4 l’identification des cadavres de Hassiba, Bouhamidi et le petit
Omar par leurs familles respectives. Il rappelle aussi les principales charges
de l’administration coloniale contre ces moudjahidines considérés bien
évidemment comme des terroristes. Le rapport d’identification du cadavre de Ali
La Pointe figure dans un autre document datant du 10 octobre 1957 (photo).
Ce document
précise que « les recherches effectuées dans les fichiers de l’identité
judiciaire, ont établi que cet individu se nomme Ammar Ali dit Ali La Pointe,
né le 14 mai 1930 à Miliana, département d’Alger, fils de Ahmed Ben
Abderrahmane et de Fatma bent Ahmed ». De nombreuses photos du défunt, dont son
cadavre et les traces de l’explosion ont été publiées comme annexes à ces
rapports.
Le contexte
de cette visite au Château de Vincennes a été décrit dans un article publié en
février 2018 dans vos colonnes et ayant comme titre « Hassiba, la femme
d’exception ». Cet article a été illustré par de nombreuses photos de PV de
l’administration coloniale relatifs à l’explosion de la rue des Abderrames.
Par
ailleurs, une littérature abondante relative à ces événements de la « bataille
d’Alger » existe. A aucun moment, il n’ y a eu de doute sur la mort de Ali la
Pointe et ses compagnons. Dans ces conditions, on est en droit de se demander
le pourquoi de cette vidéo diffusée par un hurluberlu dans une Algérie en
pleine effervescence.
S’agit t’il
d’une manœuvre du Pouvoir moribond prêt à tout pour détourner l’attention des
citoyens ? Ou d’une initiative isolée d’une personne en mal de reconnaissance.
Cette atteinte à la mémoire collective est tout simplement scandaleuse et
mérite d’être dénoncée.
C’est
Ciceron qui disait que « L’histoire est le témoin des temps, la lumière de la
vérité, la vie de la mémoire, l’institutrice de la vie, la messagère de
l’antiquité.
Youcef
L'Asnami
22/09/2019
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