mercredi 22 avril 2020

Printemps ??






La reprise de cet article, dont la teneur est l'expression d'un cri de douleur, n'est nullement repris dans un esprit morbide, mais un sentiment bien profond difficile à relater, à la recherche de mots ou de phrases qui puisse…



"Aït Aba née Aït Ouslimane Nadia assassinée par les gendarmes de Aïn El Hammam le 28/04/2001 lors des manifestations en Kabylie.
Cruelle et fatidique fut la journée du 28/04/2001. La journée où fut assassinée devant mon regard ébahi ma chère et douce maman Nadia !
Je ne comprends pas pourquoi notre vie si paisible, notre famille unie a basculé en un laps de temps. Tôt le matin, les rafales pleuvaient de partout comme une pluie torrentielle ! Ma mère terrifiée et affolée me traîna avec elle pour nous réfugier chez notre voisine, et amie.
Les balles assassines ont transpercé les persiennes fermées, criblant ma mère de deux balles, l’une dans la poitrine l’autre dans la main. Elle tomba sous mes yeux, gisant dans une énorme mare de sang. Mon Dieu ! Quelle horreur ! Quelle est la main qui a osé ôter la vie à une jeune maman laissant derrière elle des âmes innocentes, l’une âgée à peine de onze ans et l’autre de quatre ans ?
Maman, ton image et la scène horrible à laquelle j’ai assisté resteront gravées à jamais dans ma mémoire !
Quel affreux souvenir ! Ce cauchemar me poursuit tout le temps telle une ombre, pourtant j’essaie de me montrer courageux, je ne pleure jamais devant ma famille pour ne pas aggraver l’état de santé de mes grands- parents malades. Ma plaie est béante, je ne pense pas qu’elle puisse se cicatriser. Chaque soir, un flot de larmes imbibe mon oreiller. Ne m’en veux pas, maman ! C’est plus fort que moi.
Qu’a-t-on fait, mon petit frère Amine et moi, pour mériter ce triste sort ?
Qu’a-t-on fait pour qu’on nous prive de notre mère ? C’est maintenant qu’on a le plus besoin de toi !
Nous voulons ta tendresse, ton amour, ton affection et nous en sommes privés.
Amine traîne son cartable avec ses mains frêles et se dirige vers l’école, cherchant ton visage parmi les enseignantes. Il te réclame tout le temps.
Il est inconsolable ! Il a beau recevoir des câlins et des cadeaux de tous les proches, il réclame tes câlins, ton giron !
Nul ne peut remplacer le coeur d’une maman !
Maman, toi aussi, tu étais orpheline, tu avais à peine connu tes parents.
On était tout pour toi, ta raison de vivre ! Tu as souhaité faire de nous de grands hommes.
Maman, je te promets de réaliser tous tes rêves ; si Dieu le veut, je te promets d’être un homme juste et honnête, car notre pays a soif de ces deux qualités ! J’implore Dieu de rendre justice à toutes les âmes innocentes qui sont en train de payer les erreurs qu’elles n’ont pas commises. Maman, c’est bientôt mon anniversaire et il ne sera pas fêté dans la joie comme à l’accoutumée. Je sais que je serai soutenu par toute ma famille et que je recevrai une montagne de cadeaux, mais nul ne pourra remplacer ton cadeau. Ton sourire m’aurait suffi.
Mon souhait est de voir mon école porter ton nom, car c’est là-bas que ton sang a coulé et c’est là-bas que tu as tant donné. Tes élèves et tes collègues gardent un souvenir impérissable de toi.
Que tous les orphelins et les proches de ceux qui sont brûlés par la braise de la barbarie se joignent à moi pour prier Dieu d’assister nos défunts dans Son Vaste Paradis. De châtier les criminels et nous aider à surmonter cette pénible épreuve.
« Gloire et honneur à toutes les victimes de la tragédie de la Kabylie »
« Repose en paix, chère mère ».
Ton fils Akli dit Kiko

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