Bab Ejdid en médaillon Abderahmane Mekhlef
(Suite des précédents messages)
J’ai aussi connu Niaz Dizdarivitch, celui-là même qui
supervisait l’aide à l’ALN et planifiait les missions des navires convoyant des
armes, en donnant du fil à retordre aux services français.
J’y ai fait beaucoup de reportages et ma mission a été
couronnée par l’obtention de l’ordre de l’Etoile d’or du Drapeau yougoslave.»
Du baume au cœur pour un homme qui, au cours de sa carrière, a été blessé dans
sa vanité et son amour-propre.
Lui, l’homme à la liberté d’esprit ne pouvait accepter
cet état de fait. Il nous fait part de son soulagement de débutant que la
satisfaction de l’article abouti suscite une sorte de jubilation. Avec ce credo
jamais démenti que le journaliste curieux est celui qui lit, consulte, soucieux
par dessus tout de la vérité, quand bien même celle-ci dérange et gêne.
DE TUNIS AU TELEMLY
La presse actuelle est d’une autre engeance, et
Abderrahmane veut nous dire qu’il est d’un autre temps, d’une époque où l’on se
comportait autrement, une époque de loyauté, de fidélité, de durée… Journaliste
mais aussi écrivain, Abderrahmane a le don de la plume. «Il faut domestiquer
les mots, car l’écriture est une exigence», signale-t-il en ajoutant : «Chaque
mot a son pesant, cela dit, il faut s’imprégner du réel et éviter les
fioritures.
J’ai commencé à
écrire juste après l’indépendance. J’étais très bon en français au lycée
Bugeaud, après le cours élémentaire à Sarouy. Le livre Bab J’did 1961 était
assez original.
Un jour, le prof de français m’avait collé un zéro
arguant que j’avais copié sur une œuvre. J’avais comme condisciple Mustapha
Toumi, Smaïl Samsom, entre autres. Je lisais beaucoup. J’avais acquis une bonne
plume. L’histoire romancée évoque la manifestation du 5 Juillet 1961, la
dernière des grandes manifestations de la guerre et à laquelle j’ai participé.
On a été obligés de nous tailler à Oran pour éviter l’arrestation. On a atterri
à Derb Lihoud.
Oran était pratiquement sous la coupe de l’OAS. J’ai
repris toute cette histoire pour en faire un roman, compltété par un autre,
Loin de la source, édité en 2012 par APIC.» Observateur, acteur, Abderrahmane
semble être fait dans une étoffe qui n’existe plus guère.
Courtoisie chaleureuse, l’homme qui est curieux de tout
n’a jamais cessé d’être un spectateur ébahi. Venu d’une génération qui a été
ballottée entre espoirs ténus et les pires désillusions, Abderrahmane a
toujours de la colère, mais pas d’amertume. «La crise de l’été 1962, je l’ai
très mal vécue. Les espoirs nourris pendant la guerre se sont évaporés pour
laisser place au désarroi et à l’incertitude.
Hamid Tahri
El Watan le 03.05.15
*Illustrations Daboudj1948
...A suivre
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