vendredi 8 mai 2015

La Casbah....Un de ses enfants !






Bab Ejdid en médaillon Abderahmane Mekhlef


(Suite des précédents messages)



J’ai aussi connu Niaz Dizdarivitch, celui-là même qui supervisait l’aide à l’ALN et planifiait les missions des navires convoyant des armes, en donnant du fil à retordre aux services français.

J’y ai fait beaucoup de reportages et ma mission a été couronnée par l’obtention de l’ordre de l’Etoile d’or du Drapeau yougoslave.» Du baume au cœur pour un homme qui, au cours de sa carrière, a été blessé dans sa vanité et son amour-propre.

Lui, l’homme à la liberté d’esprit ne pouvait accepter cet état de fait. Il nous fait part de son soulagement de débutant que la satisfaction de l’article abouti suscite une sorte de jubilation. Avec ce credo jamais démenti que le journaliste curieux est celui qui lit, consulte, soucieux par dessus tout de la vérité, quand bien même celle-ci dérange et gêne.


DE TUNIS AU TELEMLY

La presse actuelle est d’une autre engeance, et Abderrahmane veut nous dire qu’il est d’un autre temps, d’une époque où l’on se comportait autrement, une époque de loyauté, de fidélité, de durée… Journaliste mais aussi écrivain, Abderrahmane a le don de la plume. «Il faut domestiquer les mots, car l’écriture est une exigence», signale-t-il en ajoutant : «Chaque mot a son pesant, cela dit, il faut s’imprégner du réel et éviter les fioritures.

 J’ai commencé à écrire juste après l’indépendance. J’étais très bon en français au lycée Bugeaud, après le cours élémentaire à Sarouy. Le livre Bab J’did 1961 était assez original.

Un jour, le prof de français m’avait collé un zéro arguant que j’avais copié sur une œuvre. J’avais comme condisciple Mustapha Toumi, Smaïl Samsom, entre autres. Je lisais beaucoup. J’avais acquis une bonne plume. L’histoire romancée évoque la manifestation du 5 Juillet 1961, la dernière des grandes manifestations de la guerre et à laquelle j’ai participé. On a été obligés de nous tailler à Oran pour éviter l’arrestation. On a atterri à Derb Lihoud.

Oran était pratiquement sous la coupe de l’OAS. J’ai repris toute cette histoire pour en faire un roman, compltété par un autre, Loin de la source, édité en 2012 par APIC.» Observateur, acteur, Abderrahmane semble être fait dans une étoffe qui n’existe plus guère.

Courtoisie chaleureuse, l’homme qui est curieux de tout n’a jamais cessé d’être un spectateur ébahi. Venu d’une génération qui a été ballottée entre espoirs ténus et les pires désillusions, Abderrahmane a toujours de la colère, mais pas d’amertume. «La crise de l’été 1962, je l’ai très mal vécue. Les espoirs nourris pendant la guerre se sont évaporés pour laisser place au désarroi et à l’incertitude.


Hamid Tahri
El Watan le 03.05.15 
*Illustrations Daboudj1948

...A suivre

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